Comment marche actuellement la tournée de « Gospel pour 100 voix » ?
Ça marche bien... L’un des fondateurs de « Gospel pour 100 voix », Jean-Baptiste Guillon, s’est donné pour objectif de faire davantage avec cette tournée que ce qu’il a fait jusqu’ici et de permettre au gospel d’aller dans tous les lieux possibles. Il souhaite aussi permettre à de jeunes talents de prendre conscience qu’avec le gospel on peut faire de grandes choses et même vivre de cette musique...
Avez-vous l’impression qu’il y a un public en francophonie pour ce genre de musique ?
Oui, il y a un public et il est même parfois averti ! Ce qui attire le public européen, c’est la référence à l’histoire des peuples noirs. En France et en Suisse, on rencontre toujours cet intérêt-là. Mais l’intérêt du public va au-delà. Ce qui l’attire, c’est le rythme, la force de la musique et aussi, par la suite, le message d’espoir véhiculé par ces chansons.
Le public qui ne connaît pas, viendra pour la musique et le swing. Les connaisseurs viennent, souvent, pour la Parole de Dieu proclamée au travers de cette forme d’expression musicale.
« Gospel pour 100 voix », est-ce un groupe composé uniquement de chrétiens engagés ?
Ça reste un groupe mixte. Les chefs de choeur sont engagés dans la foi et des chrétiens fervents. Notre but est toujours de propager l’Evangile par la musique gospel, même si certains choristes ne sont pas engagés dans la foi.
Personnellement, quand avez-vous décidé de prendre de la distance par rapport à « Gospel pour 100 voix » ?
J’ai arrêté en 2001. A l’époque, j’étais surchargé. Je me formais comme évangéliste et comme pasteur. De plus, j’avais encore ma propre carrière. J’ai dû faire des choix...
Aujourd’hui, pourquoi avez-vous repris du service dans cette chorale ?
Tout simplement à cause de la joie de partager l’Evangile par ce moyen-là. J’ai pas mal de frères et soeurs impliqués dans cette chorale. Ensemble, nous parvenons à donner une dimension spirituelle à cette tournée.
En tant que soliste, qu’est-ce que ça fait d’avoir une aussi grande chorale derrière soi ?
C’est très encourageant et ça porte. En fait, quand vous chantez avec « Gospel pour 100 voix », vous n’êtes pas le seul à apporter quelque chose, mais on le fait ensemble, au travers d’un soutien réciproque.
Dans votre carrière, est-ce quelque chose d’unique d’avoir une centaine de choristes derrière vous ?
Non. Il m’arrive d’être seul pour un concert ou d’être accompagné par une grande formation. Pour moi, tous ces concerts ont un même but, atteindre les auditeurs avec ce que j’ai reçu : la musique, la voix... Quand je me retrouve devant 4 ou 5 personnes, je ne me donne pas autrement que s’il y a 1'000 ou 10’000 spectateurs, comme cela arrive souvent !
La dimension de fête, n’est-elle pas un peu différente ?
La dimension de fête n’est pas la même, c’est vrai ! La force est multipliée... Mais la véritable force du gospel, c’est l’âme que met le chanteur qui croit et qui s’investit dans ce qu’il chante. Cela, c’est bien plus important que la foule qui est derrière le soliste. Tout converge vers un but : partager la joie, la paix et l’espoir.
Marcel Boungou, dans le monde francophone, vous êtes, depuis de nombreuses années, un acteur de la scène gospel. Comment voyez-vous l’évolution de cette musique ?
La musique gospel a beaucoup évolué. Elle n’est pas restée la même que dans les années 40 du XXe siècle, au moment où Thomas Dorsey l’a inventée. Au départ, le gospel n’était pas très bien accepté dans les Eglises. Avec le temps, cette musique a franchi toutes les barrières pour prendre sa place dans la plupart des Eglises aux Etats-Unis.
Musicalement parlant, cette musique a aussi beaucoup évolué. Le gospel n’est pas resté le même que ce que chantaient des Mahalia Jackson ou des Thomas Dorsey. Aujourd’hui, le gospel est traversé par tous les styles de musique. Ce n’est plus une forme de musique particulière, mais toute musique contemporaine qui se réfère de manière directe à l’Evangile...
Aux Etats-Unis, on parle aujourd’hui de rap-gospel, de hip hop gospel ou de jazz-gospel. Il y a même le gospel contemporain que l’on rattache à la musique de louange chantée dans les Eglises et qui est différent du gospel traditionnel. On peut donc dire que le gospel rassemble aujourd’hui toutes les formes d’expressions musicales contemporaines qui chantent l’Evangile.
Quels sont vos projets futurs en lien avec le gospel ?
Dans les mois qui viennent, je termine un nouvel album personnel qui s’intitulera : « Devant ton autel ». Du gospel contemporain chanté en français et en anglais. Il y aura aussi un DVD en lien avec cet album.
Par ailleurs, avec les « Palata Singers », nous aimerions organiser le jubilé des « Palata ». Nous envisageons de nous retrouver pour une tournée qui pourrait durer 2 ou 3 ans, afin de marquer les 30 ans de ce groupe qui est né au Congo-Brazzaville. En fait, nous aimerions marquer dignement la fin des « Palata Singers », vu que ce groupe a marqué la scène du gospel africain et toute une génération.
Propos recueillis par Serge Carrel