Mise en place de la Charte prévenant les abus dans le milieu évangélique: « un processus positif au nom de l’Evangile »

Nirine Jonah, membre de l'équipe de direction de la FREE
Nirine Jonah, membre de l'équipe de direction de la FREE (Nirine Jonah) icon-info
mardi 17 octobre 2023

Cela fera un an en décembre que la FREE a signé la Charte "Ensemble contre les comportements transgressifs "(ECCT) lancée par le Réseau évangélique suisse. Responsable Théologie-Pastorale-Ethique à la FREE, Nirine Jonah a participé à la première conférence de redevabilité, qui réunissait les signataires des fédérations et organisations chrétiennes. Entretien.

Quel est votre regard sur ce processus de prévention que mettent en place les évangéliques au niveau suisse?

Ce processus peut être douloureux mais il est positif au nom de l’Evangile. L’Eglise doit être un lieu où chacune et chacun se sent en sécurité. Pour ce faire, elle doit mettre en œuvre tout ce qui est possible pour éviter les différentes formes d’abus (de pouvoir, spirituel, sexuel, violence conjugale etc).
Dans cette démarche, un défi principal concerne, me semble-t-il, la sagesse pour le discernement du suivi à assurer. La « tolérance zéro » signifie que tout soupçon doit être pris au sérieux et faire l’objet d’une enquête. Toutefois, comment faire la différence entre le « tout est transgressif » et « rien n’est transgressif » ? Comment garantir que toute situation d’abus ne soit pas étouffée et que la présomption d’innocence soit en même temps préservée ?
Que Jésus-Christ soit toujours au centre de nos préoccupations pour protéger les victimes, dénoncer l’abus et conduire à la repentance les abuseurs!
A mon avis, ce processus peut finalement servir à la restauration, à différents niveaux, des victimes et des abuseurs.

La première conférence de redevabilité s'est tenue le 8 septembre dernier et d'autres suivront tous les dix-huit mois. Quel en est l'objectif?

Cette conférence de redevabilité et d'inspiration sert à faire un état des lieux et à échanger des expériences, pour permettre aux signataires d’avancer sur la concrétisation de la charte. Elle ne doit pas rester un «document creux».

Chaque fédération et organisation signataire est appelée à préparer un document de base pour prévenir les d'abus de toutes sortes. Que comportera-t-il?

Ce document doit contenir au minimum une Introduction (positionnement, champ d’application), un descriptif de l’Attitude fondamentale (bases, termes, modèle), les mesures de Prévention (triage, responsabilités, signalement), un processus de Gestion de crise (responsabilités, signalement, aides) et les Mesures à l’embauche (évaluation, certificats). Ainsi que les signatures des représentants de notre fédération.

Sur quelle étape travaillez-vous actuellement, pour la mise en œuvre de la Charte ECCT au niveau de la FREE?

Une journée de formation sur la prévention et la gestion des abus a été organisée le 29 avril 2023. Lors de cette journée, un regard biblique, psychologique et juridique sur les abus et des pistes pratiques ont été apportés. La mise en place d’un lieu de signalement interne avec la gestion du suivi est en cours, ainsi que l’élaboration des documents spécifiques aux différents secteurs d’activités. Et ceci en incluant les différents acteurs de notre fédération concernés. L’objectif, c’est que cette démarche soit finalisée en juin 2024, conjointement à l’élaboration du document de base.

Et quelles seront les étapes suivantes?

La communication des mesures prises au sein de la FREE et des ressources à disposition, après l’été 2024. L’expérience pourrait être partagée lors de la deuxième conférence de redevabilité et d’inspiration prévue le 24 janvier 2025.

De quelles ressources humaines pourriez-vous avoir besoin concernant le signalement d'éventuels abus et la gestion d'une crise?

Concernant les ressources humaines, actuellement deux commissions sont envisagées : une pour l’écoute et le suivi du/ de la plaignant.e et une autre pour le rapport avec l’église locale. Leurs compositions et leurs cadres doivent être bien définis afin que tout soupçon ne soit pas réduit au silence et que la confidentialité soit assurée. Les affaires pénales sont évidemment du ressort des autorités de l’Etat.

Liens utiles :

Site Stopviolationdelimites

Projet de la Charte

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