L’encyclique du pape François « Laudato si » (1) a ceci d’intéressant et de commun avec les écologistes évangéliques, c’est qu’elle appelle à une « conversion écologique » à partir de la rencontre de Jésus et de ses trésors spirituels. Le Pape François rejoint ainsi des théologiens ou des écologistes évangéliques comme Dave Bookless ou Jean-François Mouhot, tous deux de l’ONG A Rocha (2). Mais là où le pape va plus loin, c’est qu’il en appelle à une écologie intégrale. Il y consacre même le quatrième chapitre de son « Laudato si ».
Pas une conversion à l’écologie !
Pour éviter toute incompréhension de la part de ceux qui seraient systématiquement sur la réserve à l’endroit du pape François, il est important de dire que le pape n’en appelle pas à se convertir à l’écologie, comme à une nouvelle idéologie. Tout comme les évangéliques, il invite à « laisser jaillir en soi toutes les conséquences de notre rencontre avec Jésus-Christ ». Et de cette rencontre, qui est première et fondatrice, où le chrétien se découvre sauvé par grâce, naît un comportement écologique, naît un comportement respectueux du monde reçu comme cadeau du Dieu Père.
Dans ce contexte, parce que « tout est lié », l’engagement écologique ne va pas se déployer pour François uniquement par rapport à la nature, mais par rapport à l’ensemble de la création et des créatures. Si un endroit est pollué, il est nécessaire de mener non seulement une analyse environnementale sur les raisons et les conséquences de la pollution, mais aussi une analyse sociale, économique et culturelle des raisons qui ont présidé à cette pollution.
Une seule et même crise socio-environnementale
En fait pour le pape François, il n’y a pas aujourd’hui sur la planète deux crises séparées, l’une qui serait environnementale et l’autre sociale, mais une seule et même crise socio-environnementale. Comme il le dit très bien : « Les possibilités de solution requièrent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature » (3).
Et peut-être que de cette écologie intégrale, chère au pape Bergoglio, un homme du Sud… nous autres chrétiens écologistes du Nord, nous pourrions davantage nous inspirer !
Serge Carrel