L'être humain a soif de relations. C'est au travers des autres qu'il construit son identité, mais il se meut dans son réseau relationnel, souvent entravé par ses blessures et ses systèmes de défense.
De plus, il projette sur Dieu des croyances profondes qui masquent tout ou partie de la Révélation. Pour beaucoup, la relation à Dieu n'est pas plus reposante et encourageante que celles qu'ils entretiennent avec les humains autour d'eux.
A chaque Eglise sa culture
Nos communautés ou nos œuvres sont baignées dans ce qu'on appelle une « culture ». De même que chaque entreprise, chaque région, chaque pays et même chaque famille véhicule sa propre culture, nos Eglises et œuvres ont aussi leur culture. Celles-ci génèrent des styles relationnels et des comportementaux propres.
Dans ce contexte, l'appel au renouvellement de l'intelligence (Rm 12.1-2) n'est pas qu'un encouragement à mieux comprendre la doctrine ou la volonté de Dieu. C'est aussi un appel à changer nos croyances les plus profondes, sur nous-mêmes, sur Dieu et sur les autres, à ne plus laisser nos blessures gouverner nos vies et nos relations, et à adopter la culture du Ciel.
Car les habitants du Ciel ont eux aussi leur culture dans laquelle chacun est mis à l'honneur, élevé par les autres. Il n'y a dans cette culture ni comparaison, ni compétition, ni jalousie, mais plutôt une volonté d'encourager, de bénir les autres, de voir la gloire en eux, de les aimer et de recevoir d'eux ce qu'ils ont de meilleur à donner. Voilà pourquoi on entend parler de cette culture du Ciel comme de la culture de l'honneur !
Simplicité, encouragement et joie
La spécificité de cette culture est de se décliner dans des comportements relationnels simples, encourageants, et qui permettent la croissance de tous. Plus profondément, la culture de l'honneur permet la mise en place d'environnements où chacun se sent en sécurité. Elle bannit les systèmes de défense de comparaison comme la supériorité ou l'infériorité. Elle permet l'exercice des ministères dans une atmosphère de bénédiction, de repos et de joie.
La culture de l'honneur a un impact à tous les niveaux, dans tous les domaines de la vie de l'Eglise. En visitant l'Eglise de Bethel à Redding en Californie durant quatre mois en hiver 2012-2013, nous avons été surpris par l'atmosphère de joie qui y règne. Les personnes sont joyeuses ; les groupes distillent la joie ; les cultes, les groupes d'enfants, les aînés, les classes d'étude sont joyeux. Les prédications sont profondes et joyeuses, sans parler de la louange, de l'accueil, du service de sécurité, de la cafétéria, etc.
La capacité d'accueil est un corolaire de cette joie profonde qui s'exprime aussi dans la façon de rencontrer les autres. Nous n'avions pas passé plus de trois jours que nous étions déjà invités dans deux cellules de maison, ainsi qu'au groupe des aînés. Très vite nous avons pu lier des amitiés.
L'exercice libre et sans jugement, donc sans crainte, des dons spirituels est aussi un symptôme de cette culture. En particulier, l'exercice de la prophétie est répandu dans toutes les activités et les couches de l'Eglise. Une prophétie fine, souvent très pertinente, toujours très encourageante, permet à chacun de recevoir à travers les autres les grâces de Dieu.
La générosité de cette façon de prophétiser fait écho à d'autres générosités : financières, affectives, dans l'enseignement et la prédication, dans la façon de citer les sources d'inspiration, etc.
Une révolution intérieure
La culture de l'honneur implique un changement profond chez ceux qui ont choisi de la pratiquer. On ne peut pas l'intégrer juste après un week-end ou une conférence. C'est une véritable révolution intérieure, théologique, psychique et spirituelle, qui touche à notre identité de fils et de filles de Dieu, et qui transforme nos croyances les plus profondes. Elle s'inscrit dans le vaste champ de la sanctification.
Il ne s'agit pas simplement d'apprendre des nouveaux comportements, mais de trouver l'assise personnelle et communautaire pour que ceux-ci soient plus qu'une méthode pour atteindre un objectif, qu'ils soient issus d'un terreau nouveau dans lequel une plante nouvelle puisse croître et donner son fruit.
Manifester du respect envers quelqu'un est une bonne chose, réellement respecter cette personne est d'un autre ordre. Elever quelqu'un est une bonne chose, le faire sans être motivé par le besoin de reconnaissance personnelle et de s'élever soi-même dans le même mouvement, est une autre chose.
La soumission mutuelle
La culture de l'honneur nous permet non seulement de bénir les autres, mais de nous réjouir de leurs succès et des faveurs qu'ils reçoivent. La joie est collective et le témoignage des merveilles de Dieu omniprésent. Chaque rencontre d'Eglise débute par un partage des participants qui s'empressent de transmettre la grâce reçue aux autres qui en ont besoin.
La persévérance dans la prière pour ceux qui souffrent marque aussi cette culture. Le « plan A » consiste à prier ; en cas de non-réponse, on passe au « plan B » : prier encore.
La soumission mutuelle est vécue à tous les niveaux de l'Eglise. Au cours d'une rencontre pour les enfants, un jeune garçon de 7-8 ans demande au pasteur, en désignant un coin du plafond :
— Est-ce que tu as vu l'ange là-bas ?
Le pasteur, qui ne voit rien du tout :
— Sais-tu pourquoi il est là ?
L'enfant :
— Non !
Le pasteur :
— Alors, va le lui demander !
L'enfant va dans le coin de la salle et revient peu après.
— Il est là pour la guérison !
Alors le pasteur tend le micro à l'enfant en lui disant :
— Je te laisse diriger la suite de la rencontre. Allez dans le coin là-bas, et priez les uns pour les autres.
Ce jour-là, plusieurs enfants ont été guéris, en particulier de myopie.
Des éléments de la culture de l'honneur
Ce témoignage montre plusieurs éléments de la culture de l'honneur :
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Quand le pasteur ne voit pas l'ange, il n'essaie pas de raisonner l'enfant. C'est tout à fait OK que quelqu'un voie ce qu'il ne voit pas. Il croit l'enfant.
- Il encourage l'enfant en le guidant à aller plus loin que la seule vision. Il le fait entrer en contact avec l'ange, afin de comprendre la raison de sa présence. Il encourage le développement de sa curiosité spirituelle.
- Quand l'enfant revient avec cette étrange réponse, il n'essaie pas de lui expliquer, Bible en main, que l'on n'a aucun passage qui parle d'un ange qui guérit. Il comprend qu'il y a une bénédiction qui ne demande qu'à se répandre sur tout le groupe.
- Il prend en compte que c'est cet enfant qui est la porte de cette bénédiction et qu'il y a sur lui, en ce moment, une grâce particulière. Il lui confie donc la direction de la suite de la réunion, sans se sentir menacé dans son ministère ou son autorité.
- L'enfant, quant à lui, se sent en sécurité. Il partage sa vision, obéit, accepte le micro et voit ainsi qu'il peut parfaitement être l'objet de cette grâce extraordinaire. Il apprend en plus à la partager avec les autres.
- Tous ensemble, y compris le pasteur, vivent une expérience spirituelle qui les fait grandir dans la foi, l'espérance et la joie.
Nous avons un rêve dont nous savons qu'il peut devenir réalité : la culture de l'honneur peut venir remplacer nos cultures humaines et périmées, si nous collaborons avec Dieu dont c'est aussi le rêve ! Ce qu'Il a fait dans une Eglise de Californie, Il peut le faire aussi dans nos Eglises de Suisse romande, car pour Dieu rien n'est impossible !
Thierry et Monique Juvet