Parmi les innombrables décisions choc de Donald Trump figure le gel d’USAID, l’agence de développement américaine. Cette agence était probablement le plus gros bailleur de fonds pour les projets humanitaires et de développement. L’incertitude plane sur la suite de cette mesure, si l’aide américaine reprendra, pour qui et dans quelle proportion.
Baisse de l'aide au développement, pas seulement américaine
La décision américaine est la plus brusque et la plus visible, mais nombreux sont les gouvernements à diminuer leur investissement dans le développement pour financer le réarmement, entre autres, et la Suisse ne fait pas exception. Cette évolution atteint bien sûr le travail humanitaire. Pour prendre un exemple local, l’organisation Medair, active mondialement dans l’aide d’urgence et la réhabilitation et basée à Ecublens (VD), a dû annoncer une réduction de 30 % de son personnel, en lien avec des programmes d’aide qui ne peuvent plus être financés.
Repenser la générosité privée
Face au moindre engagement des États, il y a lieu de repenser à la générosité privée. Les États ont des moyens importants. Il y a de quoi être reconnaissant lorsqu’ils les investissent pour le bien des plus pauvres et des plus vulnérables. On peut encourager la classe politique à le faire le plus possible. Mais chacun a aussi la ressource de soutenir directement les causes qui lui tiennent le plus à cœur. Jésus déclarait qu’«il y a plus de plaisir à donner qu’à recevoir». Il y a une véritable satisfaction à savoir que son argent sert à faire du bien à d’autres, à répondre à leurs besoins essentiels – c’est plus intéressant que la surconsommation vantée par la publicité !
Un trésor dans le Ciel
La période présente est aussi pleine d’incertitudes concernant les marchés boursiers et autres investissements. Jésus souligne d'ailleurs que tout ce qui est sur cette terre peut être atteint par les voleurs ou la calamité. Il invite à se faire un «trésor dans le ciel», autrement dit à investir pour de bonnes actions, qui ont leur valeur dans le bien que l’on a fait plutôt que dans le retour que l’on en espère.
Un soutien régulier permet l'agilité des organisations
Les dons privés ont aussi l’avantage d’être assortis de moins de lourdeur administratives que les soutiens étatiques, qui comportent chacun leurs propres règles comptables et de vérification. Il est possible de donner pour des projets spécifiques, souvent en réaction à l’actualité et à des campagnes ciblées. Cela qui aide à lever des fonds pour une crise comme le récent tremblement de terre en Birmanie.
Mais un soutien plus efficace peut être de choisir une ou deux organisations fiables et leur attribuer un soutien régulier sans affectation. Cela permet d’augmenter l’agilité des organisations, leur capacité à répondre rapidement aux besoins les plus pressants, ainsi que leur résilience face aux décisions politiques.
Si donc nous déplorons le moindre investissement des acteurs étatiques dans les causes humanitaires, il peut être cohérent de prendre l’initiative, de mettre la main à la poche de manière réfléchie et délibérée pour permettre le maintien et le développement d’une aide humanitaire de qualité .