Didier Cuche épate. Vainqueur de deux descentes consécutives. Sportif suisse de l’année 2011 ! De quoi susciter chez Paul Dubuis, pasteur, une réflexion destinée à un jeune qui hésite entre apprentissage et études.
J'ai admiré, j'ai eu peur, j'ai applaudi: superbe descente de Kitzbuehel ! Et rebelote: il persiste et signe, lors de la descente de Garmisch-Partenkirchen. Quand j'alignerais quelques mots à son sujet, je devrais planter un piquet de slalom après chaque phrase: en forme de point d'exclamation !
L'élu Cuche... notre coqueluche ?
Un peu de modeste gloriole, ça peut remonter les baskets de ceux qui les traînent au boulot le lundi matin, non ? Bien sûr, cela ne te booste pas autant que de te rappeler ceci : « Je ne suis pas t'importe qui ! Le finaliste du Mont des Oliviers est mon entraîneur personnel. Il s'est relevé après le terrible passage de la Croix. A sa suite, j'ose me lancer... »
Un sportif réfléchi
Une rare simplicité, un goût de vivre intact, une sensibilité évidente sous le muscle apparent, un potentiel humain exemplaire : qu'ils s'en inspirent, trop de juniors si vite découragés, anxieux dès le moment où ils sont bien obligés de se lancer à leur tour dans leur existence professionnelle.
Qui comporte des risques d'échecs. Des temps de doute. Des épreuves incontournables. Mais tout autant d'occasions de faire ses preuves, d'apprendre à serrer les fesses, à tenir dans la confiance en Dieu, par conséquent en soi-même, tout au long de l'effort qui propulse vers l'arrivée : « Il est dans les temps ! »
Travailler de ses deux mains
Il y a plus de vingt ans, Didier Cuche est entré en apprentissage chez un boucher, il s'est courageusement soumis aux contraintes que tout travailleur doit subir.
Soit dit en passant : et si, comme lui, tu apprenais le métier de boucher ? Il y a... des débouchés dans ce métier ! Renseigne-toi, question de condition physique, ce doit être le pied...
Bien sûr, si tu as le goût pour étudier, étudie ! Mais pas à la manière de ceux, qui, parfois, se trompent eux-mêmes : ils seraient doués pour exercer un job concret, pour toucher au bois, au fer, au verre, au plastique, ils seraient bientôt capables d'en faire surgir le résultat désiré...
« Glandouillage »
Or, il s'en trouve qui glandouillent en d'incertaines études, n'y gagnant que... du temps perdu. Ou alors du temps de retenues. Et ils se plaignent, ces gentils ados qui jouent les prolongations, qu'on en vienne à sanctionner leurs écoles buissonnières !
C'est pourquoi je le dis carrément à l'un d'eux : si tu n'as pas le format d'un étudiant prêt à te soumettre au sérieux entraînement de tes méninges, bâche tout de suite ! Ne cours pas le risque de te retrouver largué, en cours d'épreuves... Mais ne cherche pas non plus la facilité dans un métier : il serait vraiment naïf d'imaginer la société divisée entre intellectuels et manuels. Et de penser que ces derniers n'ont besoin que de deux bons bras. Il leur en faut, certes, mais bien raccordés à la tête. Sache, pour exemple, que le charpentier qui programme ses machines informatisées doit « suractiver » ses propres terminaisons nerveuses, ceci afin que les immenses arceaux d'une poutraison de grange plaquent au « mili poil » près !
Que dit l'Ecriture ?
Elle nomme Jésus « le charpentier ». Les rabbins devaient être capables d'exercer un métier manuel. Quant à l'apôtre Paul, il paie – façon de s'exprimer ! – d'exemple en travaillant pendant la nuit : « Nous nous fatiguons à travailler de nos propres mains » (1Co 4:12).
Il y a ceux qui bossent sans avoir trop à manger : il faut les aider. Il y a ceux qui mangent sans vouloir bosser. Qu'on les prive du nécessaire : « Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus » (1Th 3.10). Il faut croire que la faim est un puissant stimulant...
Dont acte. Reste à tirer enseignements de ce creux au ventre pédagogique.
Paul Dubuis, pasteur retraité