Pentecôte 2008 : Monika Jaquier, une laborantine à l’écoute de l’Esprit pour parler d’une maladie fatale aux nouveau-nés

mercredi 07 mai 2008
Monika Jaquier attendait son quatrième enfant, lorsque le gynécologue lui apprend que le bébé est atteint d'anencéphalie. Une maladie rare et incurable. Le médecin est ferme: cet enfant ne vivra pas. Témoignage d'une mère qui a été visitée par l'Esprit, au cœur même de sa souffrance.
"En 2000, mes quatre  derniers mois de grossesse ont été très difficiles à vivre, quand on sait que son bébé va mourir… surtout qu'on reçoit le conseil d'avorter, se souvient Monika Jaquier. Les contacts avec d'autres familles ayant vécu le même genre d'épreuve m'ont beaucoup aidée." Monika et son mari Christophe décident de garder le bébé. L'enfant s'appellera Anouk et vivra quelques heures seulement. Pendant la grossesse déjà, naît un désir en Monika: créer un site Internet pour aider d'autres familles qui passent par les mêmes difficultés. "Dieu m'avait préparée, en mettant ce désir sur mon cœur!" raconte Monika. Seulement six semaines après le décès d'Anouk, cette mère de famille se lance dans une grande aventure…

Une vision étonnante
Monika venait de recevoir une lettre du Paraguay: une Allemande avait vu son annonce dans un journal et cherchait de l'aide. Mais la lettre avait mis plus de deux mois à venir jusqu'en Suisse! Cette Allemande avait un profond besoin de partage. "Et là, dans ma cuisine, j'ai soudain eu une vision: un puzzle, dont les pièces étaient éparpillées, sans modèle. Alors j'ai vu la main de Dieu qui mettait les pièces ensemble" explique Monika. Par cette image, Dieu lui permettait de réaliser qu'il lui avait donné différents dons, correspondant exactement à ce ministère de contacts par Internet: aisance en anglais, formation de laborantine qui facilite les recherches médicales, etc.
Avant de se lancer à l'eau, Monika rencontre Blaise Thomi, un pasteur connu pour la qualité de son écoute de l’Esprit. Monika ne veut pas se lancer dans cette aventure sans un encouragement à percevoir cette idée comme venant de Dieu! Monter un site Internet prend du temps, et nécessite un engagement financier et spirituel important. Par quelques paroles, Blaise Thomi encourage Monika et lui donne à penser qu'elle est sur la bonne voie!

Huit ans après…
Huit ans après, Monika a créé deux sites Internet… et cheminé avec des centaines de couples! "Le témoignage de familles ayant vécu la mort d'un bébé est le plus puissant encouragement pour ceux qui attendent un enfant non viable! s'exclame Monika. ‘Si d'autres l'ont vécu et surmonté, alors je peux le vivre sans devenir folle’, se disent bien des femmes enceintes. En voyant qu’elles éprouvent les mêmes sentiments que d'autres mères, cela les aide à comprendre que leur propre réaction est normale." Monika consacre un mi-temps de bénévolat pour répondre aux nombreuses demandes de parents. Elle reçoit également des questions d'infirmières, de sages-femmes, d'étudiants, ainsi que de médecins. Tous ont très peu d'expérience d'enfants non viables amenés à terme.

Avortement… avorté!
Un vendredi, une dame contacte Monika en expliquant que sa sœur vient de recevoir le diagnostic qu'elle attend un enfant non viable. L'avortement est prévu pour le lundi suivant… Monika envoie donc différents documents et témoignages à cette sœur. "Et le lundi matin, je reçois un message de la femme enceinte. En voyant les photos des pères tenant leur bébé dans les bras, elle avait renoncé à avorter!" se réjouit Monika.

Les inspirations de l'Esprit
Lorsqu'elle reçoit des demandes, Monika répond avec des mails-types. "Mais j'essaie toujours de demander à Dieu quel est le besoin spécifique de la personne. Je me mets à l'écoute de l’Esprit avant de répondre. Et souvent, je reçois des retours du style: Vous avez bien fait de me dire ceci ou cela, j'avais besoin de l'entendre." C'est par de tels encouragements que Monika repère l’inspiration de l'Esprit dans son accompagnement.
Des témoignages, Monika en aurait des dizaines à raconter! Comme cette femme attendant des jumeaux dont l'un est atteint d'anencéphalie. La mère n'a jamais créé de lien avec ce bébé, vu qu'il est non viable… et soi-disant incapable d'entendre, de voir et de sentir. Lors d'une échographie, ce bébé n'arrêtait pas de bouger. Et le médecin d'expliquer: les fœtus n'aiment pas les ondes de l'appareil et le manifestent parfois en bougeant. Ce fut une véritable révélation pour cette mère! Même anencéphale, son bébé pouvait sentir les ondes! La vie du couple en a été bouleversée: de retour à la maison, ils ont chanté ensemble. Une façon de tisser des liens avec leurs jumeaux!

Et la médecine?
En entendant ces témoignages, un médecin a vivement encouragé Monika à les publier. Mais qui donc pourrait écrire? Monika priait pour trouver la perle rare… L'an dernier, une étudiante en pédagogie curative s'est intéressée à faire une recherche sur le sujet. "Et elle a fait un super travail de master! s'enthousiasme Monika. Cette femme n'est apparemment pas croyante, mais dans sa recherche, elle a été très touchée… l'Esprit l'a visitée, par les témoignages qu'elle a lus."
Monika va régulièrement donner son témoignage aux sages-femmes en formation de base ou continue. "D'habitude, je ne parle pas de mes convictions. Mais une fois, le Saint-Esprit m'a poussée à afficher mes couleurs… durant toute mon intervention, je n'ai pas arrêté de parler de mes convictions! A la pause, plusieurs m'ont vivement remerciée. L'une s'est exclamée: "J'aurais jamais cru qu'on puisse demander ça à une femme…" Une autre personne m'a dit: "J'ai l'impression que j'ai travaillé 30 ans pour rien! J'avais vraiment besoin d'entendre cela. Ce n’est pas juste, ce qui se passe avec ces avortements."" Par la suite, Monika a appris que son témoignage avait changé l'attitude de plusieurs, dans leur travail… qui n'est pas facile! Car les sages-femmes doivent très souvent accompagner des femmes dans une interruption de grossesse volontaire ou pour des raisons médicales.

Au fond du trou…
Un jour, une chrétienne écrit d'Allemagne. Elle a vécu une première grossesse qui a déclenché une hernie discale… l'obligeant à garder le lit durant plus d'une année! Ce fut très frustrant pour cette mère de ne pas pouvoir s'occuper de son bébé. Une deuxième grossesse s'annonce, avec tout le stress d'imaginer de nouveaux problèmes de dos. S'ajoute à cela un diagnostic imprévu: l'enfant est anencéphale. Que faire? Avorter en allant à l'encontre de ses convictions… ou garder l'enfant en risquant une hernie discale? "En lisant le récit de cette femme si découragée, j'ai demandé à Dieu ce que je devais dire, quels mots utiliser pour ne pas la condamner, raconte Monika. J'ai mis une matinée à répondre! Cette dame m'a écrit quelques semaines plus tard. Elle avait été tellement encouragée de ma réponse! Elle voyait maintenant sa grossesse d'un tout autre point de vue."
En huit ans, Monika n'a jamais rencontré de couple qui regrettait d'avoir amené un enfant non viable à terme. Par contre, elle lit tous les jours des messages de regret venant de femmes qui ont avorté… C'est ce combat pour la vie qui passionne Monika!

Anne-Catherine Piguet, rédactrice responsable de "Vivre"

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