La Rencontre générale de la Fédération romande d'Eglises évangéliques s'est tenue le 22 novembre dans les locaux de l'Eglise évangélique des Ecluses, à Bienne. Parmi les nombreux points à l'ordre du jour, les délégués de nos Eglises ont été sensibilisés à l'importance de l'engagement social. Deux moments particulièrement forts de la rencontre ont été une table ronde intitulée: «L'action sociale de nos Eglises, où la placer dans nos priorités?», ainsi qu'une présentation du nouveau projet «Béthel» mené par la Fondation Praz-Soleil.
Engagement social: le parent pauvre de nos Eglises?
Une table ronde a réuni autour de Charles-André Geiser, journaliste et pasteur dans l'Eglise évangélique de la Chaux-de-Fonds, quatre chrétiens engagés dans un travail social ou politique. Il y avait: Samuel Ribagnac, pasteur à Vallorbe et aumônier dans les supermarchés Aligros, Christophe Reichenbach, pasteur de rue à Bienne, Udo Jüdt, président de l'Association l'Escale à St-Prex et Ricardo Lumengo, conseiller national bernois (PS) de Bienne.
Pour tous les intervenants, l'engagement social fait partie des responsabilités des Eglises. Il n'est pas réservé à l'Etat. Ricardo Lumengo a rappelé que «l'action sociale fait partie de l'enseignement biblique. L'Etat prend ses responsabilités dans ce domaine, mais les Eglises n'en sont pas dispensées pour autant». Et Udo Jüdt de renchérir en précisant que l'action sociale se développe durant les périodes de réveil de l'Eglise. Elle ne doit pas être une obligation engendrée par notre mauvaise conscience, mais une expression de notre reconnaissance envers Dieu. «La Bible parle constamment de la veuve et de l'orphelin, a interpellé Christophe Reichenbach. L'action sociale démontre le sérieux de notre foi».
Cependant, une objection récurrente à l'action sociale des Eglises est le risque, pour celles-ci, de délaisser la proclamation de l'Evangile au profit de l'aide matérielle au prochain. Mais Samuel Ribagnac refuse d'opposer les engagements social et spirituel. «On ne peut pas les dissocier, a-t-il précisé. On aime les gens qui nous entourent et on agit pour eux parce que Dieu nous a aimés». Quant à Udo Jüdt, il s'est réjoui de voir passer 17'000 personnes chaque année dans la boutique de seconde main de l'Escale: «Cela engendre de nombreux contacts: de quoi rendre jaloux plus d'un évangéliste!»
Pour Christophe Reichenbach et Samuel Ribagnac, la préoccupation sociale manque dans nos Eglises évangéliques. Ricardo Lumengo, quant à lui, a souligné la position confortable des Eglises en Suisse: «Non seulement, les Eglises ont la possibilité d'aider, mais elles peuvent également s'engager dans un débat critique vis-à-vis de la société et des autorités. Cela peut passer par un engagement politique des chrétiens».
Enfin, Christophe Reichenbach a rappelé que l'engagement social ne se limite pas à l'extérieur de nos Eglises. Il a lancé: «Les problèmes sociaux existent déjà au sein de nos communautés. Alors commençons par là!»
Engagement social à Blonay
A Blonay se concrétise un beau projet social. C’est là que se trouve «Béthel», un bâtiment qui a autrefois accueilli des personnes en convalescence ou en vacances. Désaffecté, il a été donné à la Fondation Praz-Soleil qui gère un EMS à Château-d'Oex. Ce don permet désormais à Praz-Soleil de faire aboutir un projet en gestation depuis 15 ans: l'accueil de personnes en difficultés psychiques.
Le bâtiment est là et les discussions avec les autorités vaudoises avancent. «Il a fallu construire une relation de confiance et prouver aux autorités que le site de Béthel ne sera pas exploité par une secte», commente Jacques Chollet, président du Conseil de la Fondation Praz-Soleil. La structure en cours d’élaboration est un projet novateur qui permettra l'accueil de personnes de 18 à 55 ans pour de courts séjours. Les personnes viendront à Béthel pour plusieurs raisons. Certaines sortiront d'hôpitaux psychiatriques. D'autres, fragilisées par la vie, seront envoyées par des services sociaux pour retrouver leur autonomie, puis apprendre à la conserver. D'autres encore seront des personnes en crise, à cause de la perte de leur emploi, de surmenage, etc. La structure permettra aussi l'accueil d'un petit nombre de personnes touchées par des addictions. L'encadrement sera multidisciplinaire: des médecins, des psychiatres, des travailleurs sociaux et un aumônier.
La Fondation Praz-Soleil est indépendante de la FREE. Mais les nombreux liens qui unissent l'oeuvre à nos Eglises ont poussé ses responsables à demander un soutien spirituel aux Eglises. Par l'intermédiaire des délégués à la Rencontre générale, celles-ci l'ont apporté avec enthousiasme.
Claude-Alain Baehler