L’homme d’église catholique est accusé de ne pas avoir enregistré officiellement le fonds d’aide qu’il a créé avec d’autres activistes en faveur des contestataires arrêtés par la police et placés en détention lors des grandes manifestations de 2019. Ce fonds d’aide, aujourd’hui dissout, était destiné à couvrir leurs frais médicaux et judiciaires.
Le cardinal Zen ne risque pas la prison, et l’amende d’environ 1'200 francs suisses qu’il encourt paraît dérisoire comparé à l’importance médiatique que revêt cette affaire. Car cet homme, âgé de 90 ans, est un symbole vivant de l’opposition au pouvoir de Pékin. Il est aussi un farouche détracteur du mouvement de « sinisation des religions » engagé par le président Xi Jinping. Pour le pasteur zurichois Tobias Brandner, depuis 26 ans sur place à Hong Kong, c’est une figure spirituelle de premier rang, très sympathique, qui est connu pour avoir une foi profonde.
QR codes scannés à l’entrée des églises
La reprise de son procès intervient quatre jours après le renouvellement de l’accord Chine-Vatican, auquel le dignitaire religieux s’est toujours opposé. Cet accord comprend la nomination et la reconnaissance conjointe des évêques catholiques en Chine par le pouvoir central de Pékin et par le Pape. Or le cardinal Zen considère ce consensus néfaste pour les chrétiens de l’église dite clandestine qui refusent de se soumettre aux exigences des autorités chinoises. Celles-ci n’hésitent pas à relire les textes de prédication et peuvent les censurer. Et elles placent à l’entrée des églises de leur pays un appareil pour scanner les QR codes des fidèles, sous prétexte d’éviter la propagation du Covid. Selon Tobias Brandner, qui connaît bien le cardinal Zen, ce dernier s’oppose en fait à la prise en main par l’Etat de l’autorité dans l’église.
Figure inspirante
Est-ce que Pékin aurait peur du christianisme ? Les autorités chinoises veulent certes tout contrôler et se sentent certainement désarçonnées par une religion qui, toutes confessions confondues, gagne du terrain ces dernières décennies. D’après Tobias Brandner, les chrétiens ont peut-être même dépassé le nombre des membres du Parti communiste. Vivre sa religion en Chine reste donc compliqué. Mais le cardinal Zen mène une fronde prophétique pour certains, en tous les cas très inspirante en termes de liberté de penser.
Gabrielle Desarzens
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