« Ici, je suis une présence ; l’être précède le faire, explique Séverin Bamogo, 57 ans, aumônier dans la Maison Béthel, à Blonay (1). Je prie, je saisis les occasions d’être en lien avec ceux qui m’entourent. La spiritualité fonctionne à la demande. » Arrivé il y a six mois dans la maison, ce mari et père de trois enfants adultes est originaire du Burkina Faso.
Au pays Faso, Séverin Bamogo a grandi dans une famille de neuf enfants, dont le père était évangéliste. Celui-ci annonçait la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, alphabétisait, accueillait des personnes fragiles, stigmatisées, touchées par des maladies mentales et, parfois, par des possessions. « Mon père travaillait avec les faibles moyens du bord, se souvient l’aumônier de Béthel. Il nous a appris le repos en Dieu, le calme et la paix face à la maladie. Aujourd’hui, l’Evangile qui m’habite est celui de Jésus apaisant la tempête. »
Séverin Bamogo se souvient de trois événements déterminants pour sa foi. D’abord, à 9 ans, alors qu’il vivait éloigné de sa famille afin de fréquenter l’école, il a découvert qu’il était pécheur et il s’est converti. Puis, à 17 ans, il a connu une nuit de combat qui l’a conduit à l’école biblique en France, puis en stage pastoral à Yverdon-les-Bains. Enfin, après une dizaine d’années passées à implanter une Eglise au Burkina Faso, la mort de son père a entraîné une réorientation de sa vie : des études à la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine. A la fin de ses études, il a répondu à un appel de la maison d’accueil Morija, à Yverdon-les-Bains, qui cherchait un accompagnateur spirituel.
Laisser passer la vie
Quelques années plus tard, Séverin Bamogo a été engagé à Blonay. Il se rappelle : « Quand je suis arrivé à Béthel, j’ai eu l’occasion de pratiquer la boxe avec certains ‘bénéficiaires de soins’. Cela a facilité les relations. Et je vois qu’ici, il y a une soif de vivre incroyable. Alors, je demande à Dieu la sagesse de laisser passer la vie. »
Embauché à temps partiel à Béthel, Séverin Bamogo travaillera également, avec son épouse Gloria, comme pasteur dans l’Assemblée missionnaire de Delémont (UAM). Il se souvient de son père et rêve d’Eglises outillées pour accueillir les personnes en fragilité mentale, de manière simple et naturelle, sans osciller entre peur et exorcisme, sans spiritualiser les situations qui découlent de la fragilité humaine.
Claude-Alain Baehler
Le site de la Maison Béthel à Blonay.