Parti sac à dos à la découverte des sept Eglises à qui s’adresse le livre de l’Apocalypse, Christophe Hanauer retrace son périple dans un documentaire en neuf épisodes intitulé « Les sept Eglises de l’Apocalypse ». Rencontre avec cet ingénieur qui s’est lancé dans un projet original.
Qu’est-ce qui vous a amené à réaliser ce documentaire ?
C’est un sujet très actuel. Parmi nos contemporains, il y a une peur des catastrophes climatiques et de la fin des temps, qui ne touche pas seulement les chrétiens et les milieux religieux, mais tout un chacun. Dans la Bible, j’ai découvert le mystérieux livre de l'Apocalypse. Ce livre, écrit par Jean lors de son exil sur l’île de Patmos en Grèce, s'adresse à sept Eglises situées dans la Turquie actuelle, donc dans l'Asie mineure de l'époque. Il me semblait intéressant d'explorer ce livre au travers d'une approche historique et archéologique.
Je suis parti sur les traces de Jean sur l'île de Patmos et dans les différentes villes des sept Eglises auxquelles il s'adresse (Apocalypse 2.1-3.22). Le premier épisode concerne spécifiquement Patmos, l'île de la révélation, et pose le décor de notre enquête. On parcourt ensuite les sept Eglises et on termine avec le neuvième épisode qui fait une synthèse du message global des lettres adressées aux sept Eglises, et aborde des questions plus vastes à propos de l'Apocalypse.
Dans cette aventure, je suis d’abord parti à la recherche de réponses personnelles, mais c'était aussi une expérience humaine et collective. Le projet a duré trois ans, avec trente-neuf jours de tournage et cent quarante jours de montage. Il a impliqué beaucoup de professionnels. On a, par exemple, fait appel à un des meilleurs dronistes de Turquie qui a réalisé, entre autres, les images extraordinaires du deuxième épisode sur la ville d’Ephèse vue du ciel.
Il faut aussi dire que je suis parti en Israël en 2016 et que j’ai eu, sur place, l’occasion d’y tourner un premier documentaire. Les choses que j’ai découvertes là-bas m'ont intéressé au point que j’avais l'impression de marcher dans les pages de la Bible.
Après ce voyage en Grèce et en Turquie pour ce documentaire, comment résumeriez-vous le message de l’Apocalypse ?
A mon avis, l'Apocalypse est populaire pour de mauvaises raisons. On en a une image d’Epinal : ce récit se termine par une fin dramatique pour l'humanité… alors que le texte biblique, et ça m'a beaucoup étonné, présente les choses de manière complètement différente. Il s'agit d'une prophétie qui concerne une crise finale pour l'humanité, mais ce n'est pas le message définitif. La conclusion, ce sont ces paroles du Christ : « Je fais toutes choses nouvelles » (Apocalypse 21.5). L’Apocalypse, c’est finalement le renvoi à une espérance extraordinaire, offerte à tous. Ce livre parle d'un dérèglement social et humain qui atteint un paroxysme, au point que Dieu doit intervenir lui-même pour rétablir l'ordre. Dieu sort de son repos pour intervenir dans l'histoire humaine. Il le fait au travers d'une personne : le Messie, Jésus-Christ, qui reviendra aux temps de la fin pour rétablir l'harmonie du monde.
Quelle tonalité théologique avez-vous donné à ce documentaire ?
On a souhaité dans ce projet s'entourer d'intervenants de milieux différents. En tout, on découvre vingt-trois spécialistes. C'était aussi important pour nous de donner voix au chapitre à plusieurs dénominations chrétiennes : Pierre de Marolles, un catholique, dominicain, spécialiste de l'Apocalypse, des grecs orthodoxes rencontrés sur place, des spécialistes turcs, des universitaires, des archéologues, des responsables de fouilles, des théologiens et des scientifiques qui ont un arrière-plan plus religieux nous ont enrichis de leurs explications. On a aussi eu l'occasion de rencontrer le professeur Marc Wilson, archéologue spécialiste des sept Eglises de l’Apocalypse et de l’île de Patmos, qui possède d’ailleurs la plus grande bibliothèque au monde de documents concernant l'archéologie de ces Eglises. On a aussi interviewé Daniel Marguerat, spécialiste réformé du Nouveau Testament, qui a enseigné à l'Université de Lausanne, David Hamidovic, spécialiste de la littérature juive de l’Antiquité à l'Université de Lausanne, Jean-Marc Thobois, pasteur évangélique en France, et Jean Marie Ribay, pasteur à l'Eglise évangélique « la Porte ouverte chrétienne », à Mulhouse.
Comment s’est déroulé le tournage ?
Il a eu lieu dans un contexte politique difficile, mais on a vécu une série de miracles à tous points de vue : financier, administratif et en ce qui concerne les rencontres qu’on a vécues. Nous avons eu l’opportunité d’explorer différents sites avec des archéologues, parce que des spécialistes nous ont offert des visites particulières. Nous sommes entrés dans des lieux habituellement fermés au public. On a aussi eu la chance de recevoir les autorisations des gouvernements grec et turc pour entrer sur le territoire.
Pour les autorisations de tournage en Turquie, il aurait fallu, par le canal officiel des ambassades à Paris, six mois au minimum de traitement administratif pour obtenir une réponse et les autorisations. Comme vous le savez peut-être, la Turquie fait partie des pays les plus fermés au journalisme. La liberté de la presse y est menacée et les autorisations de tournage sont très difficiles à obtenir. Or, nous avons abordé les choses par la foi. Nous avons planifié le tournage et réservé les différents spécialistes. Tout était payé. Nous ne pouvions pas revenir en arrière. Il ne nous restait plus que six semaines pour obtenir les autorisations, alors qu'il faut d’ordinaire un délai d'au moins six mois. Au dernier moment, nous avons bénéficié d'une faveur : une personne, rencontrée par hasard, a pu débloquer la situation presque au jour près !
Propos recueillis par Serge Carrel et retranscrits par Elisa Breitler et Nel Berner
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« Les 7 Eglises de l’Apocalypse. Une enquête majeure sur le mystère des temps de la fin », une série documentaire en 9 épisodes de Etienne Magnin. Scénario : Christophe Hanauer, Etienne Magnin et Laura Moruzzi. Plus d’infos. Télécharger le flyer pour la projection à Vevey