Un tribunal de Karthoum a condamné Jeudi Meriam Ishag à la peine de mort par pendaison parce qu'elle ne veut pas revenir à l'islam. Le juge a annoncé son verdict alors que la jeune femme de 27 ans est enceinte de 8 mois et que, selon Amnesty International, elle était déjà détenue avec son fils de 20 mois.
Les ambassades occidentales avaient pourtant invoqué la liberté religieuse et exhorté les autorités judiciaires à gérer ce cas avec compassion.
La jeune femme, de père musulman, aurait même été élevée en tant que chrétienne orthodoxe par sa mère. Mais l'argument n'a pas infléchi la décision judiciaire.
Acte fort et symbolique
Cette décision est un acte fort et symbolique de la part du gouvernement soudanais. Pour le directeur de recherche et spécialiste du Soudan au CNRS (Centre national de recherche scientifique) Marc Lavergne, c'est un moyen pour Karthoum de se légitimer sur la scène intérieure après avoir perdu le sud Soudan et par conséquent les réserves pétrolières. C'est également une façon de se positionner comme grand défenseur de la foi ou pilier de l'Islam. L'objectif : avoir en échange de la reconnaissance notamment de la part des Etats du golfe.
Décision particulièrement grave
A savoir si cette décision est en lien avec la charia, il faut rappeler que le régime islamiste soudanais l'a introduite en 1983. Au total, une dizaine de pays souscrivent à la loi islamique, mais sans pour autant appliquer la peine de mort aux apostats.
Selon Raymond Favre, le porte-parole de l'ONG Portes Ouvertes qui s'occupe de la persécution religieuse des chrétiens dans le monde, cette décision du gouvernement soudanais est particulièrement grave. Ne serait-ce que parce qu'elle risque de conforter les familles qui pratiquent déjà elles-mêmes la mise à mort de leurs proches pour apostasie.
Gabrielle Desarzens