« Les forces de la Lumière », une petite bouffée d’espérance dans le conflit libano-israélien

vendredi 11 août 2006
La guerre israélo-libanaise vous mine. Ces conflits à répétition au Proche-Orient vous laissent les bras ballants. Une personnalité chrétienne contemporaine s’est risquée à visiter quelques-unes des personnes impliquées dans le conflit. Pour certains, des « terroristes », comme on les appelle souvent. Derrière des discours de haine, le Hollandais Frère André a découvert des hommes, assoiffés d’espérance. « Les forces de la Lumière », un livre à lire pour découvrir un certain envers du décor, ainsi qu’une réponse originale. Modeste, mais inspirée de l’Evangile !

Qui parmi les personnalités chrétiennes de toutes obédiences a rencontré le fondateur du Hamas, Cheik Ahmad Yassine ? Ou l’inspirateur du Hezbollah libanais, Cheikh Mohammad Hussein Fadlallah ? Ou Yasser Arafat, ex-figure de proue de l’OLP ou encore le Dr Rantizi, longtemps no 2 du Hamas, assassiné par l’Etat israélien en 2004 ? Qui a donné une conférence sur le christianisme à l’Université islamique de Gaza ? Ni un réformé, ni catholique, ni un orthodoxe... mais un évangélique : Frère André, le fondateur de Portes ouvertes et l’auteur du « Contrebandier ».

Un livre bouffée d’oxygène
A l’heure où le Proche-Orient est dévasté par les missiles israéliens et les roquettes Katioucha du Hezbollah, à l’heure où la légitimation des actions guerrières d’Israël, sur fond de prophéties vétérotestamentaires, va bon train dans les milieux évangéliques, comme c’est porteur d’oxygène que de lire « Les forces de la Lumière »! Le dernier livre de Frère André retrace son périple durant ces 20 dernières années, tant au Liban qu’en Israël-Palestine, à la recherche de ces chrétiens qui, par leur engagement, peuvent apporter une différence dans un quotidien bouché et miné.
Frère André est une figure dans le monde évangélique contemporain. Il est né en 1928 et il a fondé en 1955 l’oeuvre de soutien à l’Eglise persécutée : Portes ouvertes. Frère André est un de ces chrétiens qui lit l’actualité à l’envers. Dans les années 50-60, alors que la plupart des gens normalement constitués fuient les pays de l’Est, lui s’y rend et développe le soutien aux Eglises locales, empêchées de vivre pleinement leur foi à cause de l’idéologie communiste. Depuis les années 70, grillé dans les pays de l’Est, Frère André s’intéresse aux chrétiens du Moyen-Orient. Il se rend notamment au Liban, en pleine guerre civile à l’époque, ainsi qu’en Israël. Il y découvre des chrétiens, et parmi eux des évangéliques, souvent peu nombreux et très inhibés par rapport à ce qu’ils pourraient entreprendre dans leur contexte social en crise. Au travers de petites chroniques datées et rassemblées autour d’un thème, Frère André emmène le lecteur à la découverte de nombreuses initiatives qu’il a soutenues ou qu’il a lancées. Au Liban, c’est par exemple l’idée de foyers pour la paix. En Israël-Palestine, c’est un soutien au mouvement Musalaha qui vise à promouvoir des rencontres entre chrétiens palestiniens et juifs messianiques. A Gaza, c’est l’encouragement à l’ouverture d’une librairie biblique, en relation avec l’Eglise baptiste de cette bande de terre de 8km de large et de 40 km de long, habitée par plus d’un million de personnes. En Cisjordanie, c’est l’appui au Collège biblique de Bethléem, une initiative qui a pignon sur rue dans la ville de la naissance de Jésus, et qui forme les responsables des Eglises évangéliques palestiniennes.

Une réponse chrétienne nourrie par le coeur de l’Evangile
« Les forces de la Lumière » est une réponse chrétienne originale et stimulante aux situations de guerre qui prévalent au Moyen-Orient. Frère André ne laisse pas le coeur de l’Evangile au placard – la réconciliation avec Dieu par Jésus-Christ et l’amour de tout prochain - sous prétexte qu’il s’agit d’aborder des questions qui touchent à Israël ou au Moyen-Orient. En 1990, par exemple, il rend visite au Cheikh Fadlallah, le chef spirituel du Hezbollah à l’époque, et s’offre pour prendre la place d’un otage occidental, retenu captif depuis des mois par le « parti de Dieu ». A la fin des années 80 et au début des années 90, il appuie le pasteur palestinien Salim Munayer pour lancer Musalaha, un mouvement qui emmène dans le désert des juifs messianiques et des chrétiens palestiniens pour entamer une démarche de réconciliation en Christ. En janvier 1993, il visite des leaders palestiniens parqués par Israël à Marj al-Zohour, à l’extrême sud du Liban. Il y rencontre notamment le no 2 du Hamas, à l’époque, le Dr Abdulaziz Rantisi. Ces visites dans ce camp ouvriront à Frère André les portes de plusieurs leaders palestiniens. Et ce jusqu’à Gaza... A l’Université islamique de cette ville pour y donner une conférence sur le christianisme !

Une démarche qui se construit grâce à l’« arme secrète » des chrétiens
Pour Frère André, « l’Eglise est le seul espoir pour le Moyen-Orient ». Pareille affirmation peut paraître naïve. Et certainement, elle l’est. Mais de cette naïveté qui permet parfois de soulever des montages ! Les montagnes de haine qui habitait le coeur de Rami par exemple. Ce jeune chrétien de Gaza avait été torturé par les soldats israéliens et, grâce à la rencontre de chrétiens vivants, il découvre leur « arme secrète » : la force de réconciliation et de pardon que renferme la personne de Jésus.
A l’heure où le conflit entre Israéliens et Libanais redouble de vigueur, il est bon de lire le livre de Frère André. Et de se rappeler que « les forces de la Lumière au Liban, en Israël, en Cisjordanie et à Gaza... représentent le seul espoir pour le Moyen-Orient, parce qu’ils sont la lumière de Jésus. Mais ils ne peuvent réussir seuls. Ils ont besoin du reste du corps du Christ. Les membres forts doivent soutenir et aider les membres faibles » (p. 320).

Serge Carrel

Frère André et Al Janssen, Les forces de la Lumière, Un espoir pour le Moyen-Orient, Valence, LLB, 2005, 336 p.

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