Si de nombreuses personnalités libérales ou laïques avaient menacé de se retirer de la commission chargée de rédiger la future Constitution égyptienne, les chrétiens ont fait le pas samedi dernier. Ils ont été suivis depuis par d’autres représentants politiques. Au total, une vingtaine de personnalités ont quitté cette commission de rédaction constituée à la base de 100 membres.
La décision des chrétiens coïncide avec l’intronisation dimanche du nouveau patriarche des coptes, Tawadros II. Celui-ci s’était clairement prononcé contre l’instauration d’un « Etat religieux », une déclaration à mettre précisément en relation avec une islamisation accrue des institutions et de la législation que redoutent de nombreux Egyptiens.
Application stricte de la charia
Les partisans d’un islam radical veulent en effet introduire notamment trois articles particulièrement controversés : la pénalisation de toute offense faite à Dieu ; la soumission des lois à l’approbation de l’Université al-Azhar, qui est considérée comme la plus haute autorité de l’islam sunnite ; et l’officialisation de l’aumône religieuse qui, pour rappel, est l’un des 5 piliers de l’islam.
Mais les salafistes demandent surtout une révision de l’article 2 de l’actuelle Constitution qui stipulerait que les préceptes de la charia constituent la source principale de la législation. Cela impliquerait une application stricte de la loi islamique, en éliminant sa marge d’interprétation… ce qui fait bien sûr bondir les laïcs comme les chrétiens.
Trahison du printemps arabe
Pour ceux-ci, se retirer de la commission rédactionnelle est une façon de contester la mainmise des islamistes sur le comité de rédaction, et de signifier que le projet qu’ils élaborent ne reflète aucunement la diversité égyptienne. Leur retrait manifeste aussi que le projet en cours trahit selon eux les valeurs qui ont animé la révolution du 25 janvier 2011.
La future Constitution doit remplacer celle en vigueur sous le président Hosni Moubarak. Elle doit être soumise à référendum ces prochaines semaines.
Gabrielle Desarzens