La majorité des aumôniers de l’armée suisse sont catholiques ou protestants réformés. Deux juifs et un musulman, imam de formation, recevront d’office le grade de capitaine cette fin de semaine. Il s’agit des premiers aumôniers militaires non chrétiens. Selon les besoins du terrain et en fonction de leurs disponibilités, ils rejoindront les troupes dans quelques mois, voire en janvier prochain. Et comme les 171 aumôniers à la disposition des soldats, ils seront au service de tous et non des seules personnes de la même religion qu’eux.
Répondre à des questions spécifiques
Selon Noël Pedreira, remplaçant du chef de l’aumônerie de l’armée suisse, c’est seulement quand il y a des questions spécifiques à l’islam par exemple que l’aumônier musulman sera sollicité expressément. Par exemple un pratiquant veut différer ses jours de jeûne pendant le ramadan ; ou savoir comment il peut effectuer ses prières quotidiennes sans empiéter sur la bonne marche de la compagnie. Donc l’enracinement des aumôniers dans leur religion spécifique est précieux, mais ils doivent chacun être l’aumônier de l’ensemble de la troupe à laquelle ils sont affectés. Malgré la sécularisation de la société, les militaires font appel à ces professionnels, qui ont assuré plus de 10'000 assistances pendant la pandémie de coronavirus.
Le reflet de la population
Ces aumôniers non chrétiens rendent compte de la diversité des citoyens suisses. Ils disent que la Suisse a changé, alors que les soldats de confession musulmane sont toujours plus nombreux. Mais ces nouveaux aumôniers traduisent aussi une prise de conscience chez les différentes communautés religieuses qu’elles peuvent servir l’ensemble du pays. Ces trois professionnels bientôt en fonction sont d’ailleurs l’aboutissement d’un partenariat conclu avec la Fédération d’organisations islamiques de Suisse et la Fédération suisse des communautés israélites. Il y a deux ans, un partenariat similaire avait été conclu avec les protestants évangéliques. En Suisse romande, quatre fédérations d’Eglises avaient signé une convention de collaboration avec l’aumônerie de l’armée : les Eglises évangéliques apostoliques, l’Action biblique, les Eglises évangéliques de réveil et la Fédération romande d’églises évangéliques (FREE).
Insigne en discussion
Les aumôniers ont un insigne, grâce auquel on peut les reconnaître. Il représente pour l’heure une croix chrétienne. Des discussions sont en cours pour savoir désormais avec quel symbole il sera possible de signifier l’assistance spirituelle, ce qui n’est pas une mince affaire…
Gabrielle Desarzens