« Medair a fait beaucoup de choses pour notre village. Nous avons aujourd’hui des pompes à eau et une maison de refuge contre les cyclones. J’ai suivi plusieurs fois des cours sur l’hygiène, sur l’utilisation des WC, le lavage des mains et le nettoyage de la cour. » Laurne a 23 ans et compte cinq personnes dans son foyer. Cette Malgache habite en brousse, dans le petit village de Takoly, à quelques dizaines de kilomètres de Maroantsetra, au nord-est de Madagascar. Pour donner à boire à sa famille, cuisiner, faire la lessive et se laver, depuis toujours elle allait puiser son eau à la rivière. Aujourd’hui, les choses ont changé ! Elle est responsable d’une des pompes que Medair, une ONG lausannoise, a construite et qui dessert une centaine de villageois, parmi lesquels les membres de sa famille.
Les villageois cotisent pour leur eau potable
« Ce que j’aime bien chez Medair, ajoute la jeune femme, c’est le système de cotisation pour assurer l’entretien des pompes. » C’est que depuis l’entrée en service de la pompe les villageois paient une cotisation annuelle de 1 fr.- (soit un demi-salaire journalier ou un verre de bière !) pour assurer l’entretien de l’engin.
Depuis l’installation de ces pompes, les consommateurs de cette eau bénéficient d’une meilleure santé. Avant, il y avait beaucoup de diarrhées, maintenant c’est rare. « Autrefois pendant la saison chaude (de décembre à février), nous étions souvent malades, appuie Laurne. Nous n’avions jamais passé le Réveillon en famille. Chaque fois quelqu’un était malade. Depuis novembre 2008, nous buvons de l’eau de la pompe et nous venons tous de fêter le Réveillon en bonne santé, pour la première fois. »
Des latrines à l’école comme à la maison
Dans la ville de Maroantsetra, Medair travaille aussi à l’assainissement des eaux usées en subventionnant des latrines. Ernest Jaona est directeur d’une école de cette ville. Très satisfait de sa latrine familiale, il a motivé l’association des parents de ses élèves à investir dans une latrine scolaire. « Après avoir vu les avantages des latrines mises en places par l’ONG lausannoise, explique-t-il, j’en ai parlé aux parents des élèves. Ils ont récolté l’argent pour en acheter une pour leurs enfants. » Ces latrines offrent deux avantages par rapport aux trous perdus utilisés traditionnellement par les habitants de la région. Elles sont très propres : pas de mouches ni d’odeurs ! Elles sont solides et les enfants ne risquent pas de se blesser ou de tomber. « La propreté et l’hygiène sont des valeurs que nous voulons inculquer aux élèves », complète ce directeur d’école.
Assainissement, eau potable et cyclones
Plusieurs facteurs font de la côte nord-est de Madagascar une région durement frappée par la pauvreté. Les cyclones qui sévissent presque chaque année, détruisent récoltes, habitations et paralysent les activités et les secours, notamment à cause des inondations qu’ils entraînent.
La nappe phréatique, située parfois à quelques dizaines de centimètres sous le sable, est facilement polluée par les déchets et les excréments. Cela rend difficile l’accès à l’eau potable. Les nombreux fleuves et rivières sont également pollués, ce qui entraîne des maladies, notamment des épidémies de diarrhée qui touchent particulièrement les enfants et qui précarisent la santé de la population. Assainissement, accès à l’eau potable et préparation à l’arrivée des cyclones, voilà trois priorités sur lesquelles l’équipe de Medair Madagascar travaille depuis 2006 à Maroantsetra. Au sein de cette équipe deux couples de Romands : Noémie et Yves-Pascal Suter de l’Eglise évangélique des Amandiers à Lavigny ainsi que Noémie et Eric Arnold de l’Eglise évangélique de la Colline à Crissier (1).
Noémie Arnold
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Note
1 D’autres Romands membres d’Eglises de la FREE se sont aussi impliqués dans ce projet ces dernières années : Matthias Lampert (service civil), Aurélien et Audrey Demaurex ainsi que Patrick Houriet.
Madagascar : la vie « mora mora !
Avec Eric, nous avions envie de nous rendre sur le terrain au cœur de l’action. Le travail sur le terrain avec Medair permet une proximité réelle avec les bénéficiaires ; nous avons le privilège de travailler, manger, fêter, chanter ou même prier régulièrement ensemble. Cette proximité permet parfois de vrais échanges, des confidences, des rires aussi, parce que nous restons de drôles de « vazahas » (Occidentaux) au corps fragile.
Le mode de vie à la malgache, bien qu’adapté pour nous, n’est pas toujours sans difficultés. Le climat chaud et très humide calme notre énergie dès le matin, les absences de réseaux téléphoniques, de connexion internet, d’infrastructures et les problèmes logistiques nous font relativiser nos ambitions du jour. Les Malgaches parlent de la vie « mora mora », « doucement doucement » à juste titre. S’il y a bien une chose que j’ai apprise ici, c’est la patience, avec les gens, le matériel, les transports, mais aussi avec moi-même.
Noémie Arnold (communications sur le terrain et implication des bénéficiaires)
Un job diversifié
En arrivant à Madagascar, ma première difficulté a été de m’imprégner d’un projet qui s’inscrit sur le long terme. Nous devons maintenant rendre des comptes aux donateurs et clore des travaux en cours. En tant que manager, je dois chercher à m’intégrer le plus élégamment possible, bien comprendre comment les choses marchent et ne pas vouloir tout changer.
J’ai énormément de plaisir à faire ce que je fais car c’est diversifié : gérer une équipe dans un bureau, planifier des formations, trouver des solutions à des problèmes en équipe parce qu’on ne résout pas un problème seul. J’ai aussi l’opportunité d’aller surveiller les chantiers sur le terrain, de faire des études de faisabilité avant d’entamer une construction, et de rencontrer les bénéficiaires.
Eric Arnold (constructions et promotion de l’hygiène)