" D’ici quelques années l’Eglise pentecôtiste Yoido de Séoul pourrait demander son adhésion au Conseil œcuménique des Eglises ". Hong Young-Gi est le président de l’Institut pour la croissance de l’Eglise qui dépend de la fameuse Eglise du pasteur coréen Yonggi Cho. A la fin de la Conférence mondiale sur la mission et l’évangélisation, qui a eu lieu à Athènes du 9 au 16 mai, ce proche du célèbre pasteur pentecôtiste, se montre très positif par rapport à cette rencontre qui a rassemblé environ 600 personnes, des délégués de toutes les Eglises membres du COE et des représentants catholiques et évangéliques. " Il y a quelque chose à apprendre de cette diversité d’Eglises représentées ici. Cette semaine par exemple, j’ai découvert la tradition de la méditation silencieuse en communauté, propre à l’Eglise orthodoxe. Les cultes pentecôtistes sont très dynamiques, mais nous pourrions apprendre cette humilité que l’on ressent dans une liturgie orthodoxe ", ajoute le pasteur coréen.
Satisfaction côté évangélique
D’autres évangéliques et d’autres pentecôtistes se disent très satisfaits d’avoir pu participer à cette conférence intitulée " Viens, Esprit Saint, guéris et réconcilie ". Les rencontres en groupes de maison autour de la Bible, les sessions plénières autour de thèmes comme " Mission et violence " ou " Réconciliation ", le grand nombre d’ateliers autour de thèmes très différents ont laissé une large place aux invités évangéliques. Le Congolais Jean-Pierre Popaud de l’Association Wycliffe pour la traduction de la Bible a présenté, durant la journée consacrée à la lutte contre la violence, son travail d’accompagnement des personnes victimes de traumatismes en Afrique. Gracia Violeta Ross Quiroya, une militante évangélique pour la cause des malades du sida en Bolivie, a rendu compte, lors de la rencontre plénière consacrée à la guérison, de son parcours de fille de pasteur contaminée par le virus du sida. Opoku Onyinah, un pasteur et apôtre de l’Eglise pentecôtiste du Ghana, a évoqué en atelier sa manière de prier pour les malades et de chasser les démons.
La satisfaction est aussi de mise chez les pasteurs évangéliques du lieu qui ont participé à la mise en place de la conférence avec l’Eglise orthodoxe de Grèce. " Dans un pays où 97 pour-cent de la population se dit orthodoxe, cette conférence améliore notre situation ", explique le pasteur Phaedon Cambouropoulos de l’Eglise évangélique grecque. Même si certains orthodoxes grecs continuent à s’affirmer comme les descendants de la seule véritable Eglise, le bon climat qui a prévalu lors de la préparation de cette conférence, contribue à détendre l’atmosphère des relations entre l’Eglise orthodoxe, toujours Eglise d’Etat, et les autres Eglises de Grèce.
Des regrets toutefois
" Non seulement, nous avons eu une place importante dans le programme, ajoute Veli-Matti Kärkkaïnen, un professeur de théologie systématique du Séminaire théologique Fuller (USA), mais nous avons participé au travail théologique préparatoire de cette conférence. " Ce pentecôtiste finlandais, spécialiste des relations œcuméniques, considère que cette édition de la conférence missionnaire du COE a été " extraordinaire " de ce point de vue.
George Vandervelde, membre de la Commission théologique et du comité exécutif de l’Alliance évangélique mondiale, apporte quelques nuances à cette satisfaction générale. Pour lui, la proclamation orale de l’Evangile n’a pas reçu toute l’attention nécessaire lors d’une rencontre missionnaire. " Lorsque l’apôtre Paul dans sa seconde lettre aux Corinthiens parle de réconciliation, il relève que non seulement Dieu nous confie le ministère de la réconciliation, mais qu’il fait de nous des ambassadeurs. Et un ambassadeur est envoyé pour exprimer un message au nom du gouvernement qui l’envoie… " Jacques Matthey, le secrétaire théologique de la conférence, reconnaît la pertinence de la critique. " Cette dimension-là ne constitue pas, admet-il, le point fort du mouvement œcuménique missionnaire. Mais à Athènes, nous avons mis l’accent sur le développement de communautés porteuses de guérison et de réconciliation. Et que serait une proclamation de l’Evangile sans de telles communautés ? " ajoute-t-il.
2010 marquera le centenaire de la conférence d’Edinburgh, la première conférence missionnaire au plan mondial. Jacques Matthey et George Vandervelde verraient d’un bon œil que le Conseil œcuménique des Eglises et les évangéliques marquent l’événement ensemble. Des rencontres exploratoires ces prochains mois devraient permettre d’entrevoir si l’organisation d’un tel événement commun est possible.
Serge Carrel