L’Eglise, universelle mais incarnée

mardi 24 juin 2008

Le dernier article de la confession de foi de la FREE aborde la notion d’Eglise. Pour beaucoup ce mot est associé à un bâtiment... voire à un clergé! Qu’en dit l’Ecriture? Guy Gentizon, pasteur dans l’Eglise évangélique La Fraternelle à Nyon, développe ses réflexions.

L’Eglise est avant tout faite d’hommes et de femmes à qui le Ressuscité s’est révélé personnellement, et qui ont le bonheur de pouvoir le découvrir toujours mieux. Que ce soit à travers la lecture de la Bible et la prière, mais également par le moyen privilégié de la communion. Le mot grec «ekklesia» signifie en effet «assemblée» ou «rassemblement de gens». Ce qui distingue ces gens, c’est le fait que le Christ vit en eux par son Esprit, et qu’ils se rassemblent pour célébrer son nom et s’édifier mutuellement. Que ce soit au bord d’une rivière, dans une grotte, une chambre haute... ou une cathédrale!

Rachetés par Jésus-Christ
Le livre des Actes des apôtres décrit comment le Saint-Esprit, dès la Pentecôte, va faire de personnes ordinaires des disciples du Ressuscité. Non seulement en Judée et en Samarie, mais jusqu’aux extrémités de la terre (Ac 1.8)! L’Eglise est donc, dans le passé comme aujourd’hui et demain, présente au sein de multiples cultures sur la surface de la terre (Ap 7.9,10). On la décrète «universelle», parce que des hommes de tous les pays et de tous les milieux en font partie (Ac 2.47; 9.31), et qu’elle comprend également tous les rachetés déjà recueillis auprès du Seigneur (Hé 12.22,23; Ap 5.9).
L’Eglise appartient au Christ (Mt 16.18). Il l’a acquise pour lui-même, par son sang (1Pi 1.18,19; Ep 2.20-22), et il s’en occupe comme d’un mari prenant soin de sa femme (Ep 5.25-27). Une relation de profonde intimité unit l’Eglise au Christ. Le Fils de Dieu aime l’Eglise: par sa mort, il l’a rendue pure et sans tache. Dans la vision du nouveau ciel et de la nouvelle terre, l’apôtre Jean la décrit comme l’épouse du Christ, prête à rencontrer son époux (Ap 21.2).

Une expression visible
Dans le Nouveau Testament, l’Eglise ne correspond pas à des bâtiments construits pour l’exercice du culte. Les apôtres comparent l’Eglise à un édifice spirituel, composé de pierres vivantes: les membres du peuple de Dieu (1Pi 2.4,5). Dans la pensée des premiers chrétiens, les nouveaux convertis étaient ajoutés à la communauté. Ainsi, tous ceux qui avaient communion avec le Père et le Fils étaient unis les uns aux autres. Il ne s’agissait pas d’une simple adjonction. Christ est la source même de la vie de l’Eglise: en s’y intégrant, on participe à la vie du Christ de façon unique. Par son Esprit, le Seigneur dirige l’Eglise, accorde des dons spirituels à ses membres, et crée l’unité et l’amour (Ep 4.11-16; Ac 2.46,47).
Jésus a déclaré que là où deux ou trois personnes se réunissent en son nom, elles jouissent de sa présence (1). Peu importe si le groupe est petit, l’Eglise est là. La comparaison de l’Eglise à un Corps dont le Christ est la tête met en relief le fait qu’elle est avant tout un organisme vivant et non une organisation. Aucun membre du Corps ne doit être négligé, et aucun ne doit prendre une importance prépondérante en voulant «dominer» le troupeau (1Co 12.14-27; Ep 1.22,23; 4.15,16; 1Pi 5.1-5). Tous peuvent y jouer un rôle actif, afin de contribuer à l’édification commune. Il s’agit de discerner les ministères que Dieu lui accorde dans sa souveraineté et pour son développement harmonieux (Ep 4.7-14).

Signe du Royaume
«Voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru» (Mc 16.17). Par toutes sortes de manifestations de l’Esprit, l’Eglise est au bénéfice d’un équipement adéquat pour répandre la «bonne odeur de Christ» dans le monde entier. Elle reçoit pour mandat de faire des disciples parmi les hommes de toutes les nations (Mt 28.19,20). Son appel est de se conformer aux Ecritures, et d’avoir un esprit missionnaire (1Ti 3.15; Jd 3; 1Ti 6.20). En particulier, à la suite de leur Maître, par la proclamation de bonnes nouvelles aux pauvres et de la libération aux opprimés (Lc 4.18,19).
Le baptême et la cène ont été institués pour être des symboles de l’Evangile. L’eau du baptême marque la purification de toutes les souillures morales du passé, et l’entrée du croyant dans l’Eglise de Dieu (Ac 2.41; Ro 6.3,4; Col. 2.12). Le pain et le vin de la cène sont partagés en souvenir du corps et du sang du Christ, donnés en sacrifice d’expiation pour les péchés de ceux qu’il aime (Lc 22.19,20). A travers ce repas, l’Eglise annonce et anticipe le face à face qu’elle vivra avec son Sauveur, lorsqu’il établira le Royaume dans sa plénitude (1Co 11.26). La cène et le baptême sont deux sacrements (2) institués par le Christ. Ils permettent de prendre davantage conscience de sa mort et de sa résurrection, et de sa présence vivante «jusqu’à la fin du monde».

Glorifier Dieu
L’Eglise vit pour la gloire de Dieu. Ce qui réjouit le cœur du Père, c’est lorsque, par l’amour mutuel vécu par ses enfants, le monde peut découvrir qu’ils sont disciples du Fils bien-aimé (Jn 13.34,35). L’Eglise est appelée à louer Dieu par des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels ou des actions de grâce (Col 3.16).
L’adoration est le but principal de l’Eglise. La louange et les actions de grâce sont les marques distinctives d’une Eglise vivante. L’adoration de la communauté chrétienne n’est pas liée à un bâtiment ou à une forme de culte structurée. Tous les croyants sont sacrificateurs. Ils offrent des sacrifices spirituels, en confessant le nom de Jésus comme étant au-dessus de tout nom et en démontrant sa gloire par leurs actes de bonté (Col 3.16; Hé 13.15,16; 1 Pi 2.5,9; Ap 12.11).
Dans tout ce qu’elle fait, l’Eglise devrait diriger l’attention et la louange vers Celui qui l’a rachetée. Elle atteint ce but lorsqu’elle porte du fruit par un service fidèle et qu’elle reflète son amour. Les termes «famille» ou «maison» mettent en évidence la relation qui existe dans l’Eglise entre les membres et la tête (Ep 2.19; 3.14,15; 1Ti 3.14,15). Puisque Dieu est le Père des croyants, ils sont encouragés à vivre une vie de famille.
Au sein de la première Eglise, tous partageaient également les privilèges de la maison de Dieu, Juifs ou Gentils. Ceci était particulièrement encourageant pour les nouveaux convertis issus du paganisme. Le «Gentil» n’était plus un étranger ou quelqu’un du dehors. Les individus qui étaient divisés par leur classe sociale, par leur formation religieuse et par leur langage, devenaient maintenant des frères et sœurs dans la maison de Dieu. Les apôtres enseignaient qu’il fallait prendre soin des veuves, prier pour les malades et nourrir les affamés (Col 3.11; 1Ti 5.1,2; Ja 1.27). Cette manière d’être manifeste la Présence aimante de Dieu sur la terre à travers ses enfants. Jésus n’a jamais imaginé l’Eglise proclamant des paroles sans manifester des actes. Le service chrétien va de pair avec l’évangélisation. Tous deux sont nécessaires pour remplir la mission que Dieu nous a confiée. Le Christ donne l’exemple du service que l’Eglise doit apporter au monde. Il a nourri les affamés, guéri les malades et apporté de l’espoir à ceux qui étaient désespérés. Il s’est identifié avec l’humanité dans tous ses besoins. Il devrait en être de même de la communauté qu’il est venu créer (1Jn 3.17,18; Ti 3.8; Phil 2.5-7).

En phase avec son temps!
A chaque époque, pour chaque génération et à l’heure de la mondialisation, le défi reste permanent de discerner, dans le riche héritage ainsi transmis, les valeurs constantes et les formes nouvelles vers lesquelles l’Eglise peut tendre en vue de rejoindre mieux encore les gens de sa génération. Les Eglises émergentes (3), nombreuses aujourd’hui en Occident, nous interpellent... même si cultuellement elles bousculent certaines de nos traditions! Déjà au milieu du premier siècle, l’apôtre exhortait à «ne pas éteindre l’Esprit, à examiner toutes choses et à retenir ce qui est bon» (1Th 5.19-21). Nos communautés de la FREE peuvent s’en inspirer, afin d’être toujours mieux «sel et lumière» au début de ce troisième millénaire.

Guy Gentizon, pasteur dans l’Eglise évangélique La Fraternelle à Nyon

Notes

 

  1. Mt 18.20: dans ce passage, la promesse est liée à l’exercice de la discipline au sein de la communauté locale. Car la discipline ne s’exerce pas à la légère et nécessite un discernement particulier, en vue de prendre des initiatives dépendant de la révélation de Sa volonté.
  2. Pour les évangéliques, les sacrements sont des symboles, des signes visibles de réalités invisibles, qui ont valeur de prédication, de témoignage, d’acte d’obéissance ou d’engagement.
  3. Selon Henri Bacher, auteur de plusieurs articles sur le sujet (voir la page web de lafree.ch consacrée à la réflexion sur la vie d’Eglise ou alors le site www.logoscom.com), les communautés nouvelles accomplissent un «relookage total, englobant aussi bien la doctrine, la forme des cultes dans son ensemble, le contenu des messages et l’organisation de la communauté».
    Voir aussi l’article de Jane Maire, « Sortez de vos chapelles pour témoigner du Christ! ». Voir aussi le numéro 51 (2006/1) de Perspectives missionnaires qui consacre son dossier à de «nouvelles formes d’Eglise».
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