« Les pasteurs ont tous la même destinée. (...) Ils se forment sur le tas et ne suivent pas d’études théologiques. » Lâchée lors du Temps présent du 21 avril « Rock, miracles & Saint-Esprit », cette affirmation a fâché les chrétiens évangéliques de Suisse romande. Le documentaire a d’ailleurs provoqué la polémique, avec plus de 2’000 messages postés sur le forum de l’émission en deux semaines, un chiffre record. Malgré une entrevue le 9 juin avec Emmanuel Schmutz, le médiateur de la Radio-télévision suisse, les Affaires juridiques de la RTS n’ont voulu reconnaître aucune erreur dans ce reportage.
Une réponse jugée insatisfaisante
Cette position n’a pas été jugée acceptable par le RES. Le pasteur Norbert Valley, son président, a rappelé le 2 juillet les principaux griefs de nombre d’évangéliques à l’endroit de ce reportage, regrettant en particulier que l’émission adopte une approche caricaturale et très partielle des milieux évangéliques. Face aux accusations de prosélytisme, le RES a précisé aussi que seule une minorité d’évangéliques proclamaient en Afrique un Evangile de la prospérité, tandis que nombre d’entre eux étaient impliqués dans les soins et dans l’aide aux populations les plus défavorisées. Mais c’est surtout l’affirmation de la soi-disant absence de formation des pasteurs que le RES a jugée diffamatoire. « Une étude de l’Université de Lausanne estime que 67% des pasteurs évangéliques ont une formation théologique niveau HES ou universitaire. Si on ajoute à cela les pasteurs ayant suivi une école biblique, ce chiffre monte à 85%. Dire que les pasteurs évangéliques ne sont pas formés est tout simplement faux », affirme Norbert Valley.
Le RES ne portera pas plainte
Constatant que la RTS ne voulait ni présenter d’excuses ni reconnaître ses torts, le RES a préféré renoncer au compromis de médiation. « Nous regrettons que la RTS ne reconnaisse pas explicitement son erreur », commente Norbert Valley. « C’est un comble que ce soit à la RTS que l’on voit ressurgir le dogme de l’infaillibilité ». Le RES a toutefois convenu de renoncer à toute poursuite judiciaire et privilégie le dialogue plutôt qu’une procédure qui ne permettrait pas d’effacer le tort fait à l’image des évangéliques en Suisse. (RES)
Le communiqué de presse du Réseau évangélique.
La prise de position de Serge Carrel, journaliste et chargé de communication de la FREE.