Deux bulldozers et les employés d’une entreprise privée mandatée par l’Etat français ont commencé lundi à démonter les abris de fortune situés dans la partie sud de la « jungle » de Calais, sous la surveillance de nombreux policiers anti-émeute. « Des mouvements de panique se sont propagés, des incendies sont survenus et il y a eu des échauffourées sur la rocade », commente Fabien Boinet, pasteur évangélique de l’Eglise des Deux Caps. Il souligne que l’opération s’est effectuée non pas dans la tempérance comme promis, mais au moyen de gaz lacrymogène et de canons à eau de la part des forces de l’ordre.
Ce démantèlement fait suite à la décision de la préfecture du Pas-de-Calais de réduire la population de la « jungle » à 2000 personnes. Plus de 4'500 migrants y vivaient jusqu’alors. Les personnes dont les habitations faites de palettes en bois et de bâches ont été détruites, doivent être relogées notamment dans des centres d’accueil à Calais même, ou ailleurs en France. « On les met dans des bus et on ne leur dit même pas où on les amène : qu’est-ce que cela signifie sur le plan des droits de l’homme ? » s’interroge le pasteur.
Migrants éparpillés sur le littoral
Jeudi 25 février, le tribunal administratif de Lille a décidé de suspendre, « de manière partielle », l’arrêté pris par la préfecture du Pas-de-Calais. En clair : les occupants de la moitié sud de la « jungle » devaient quitter leurs abris, mais les lieux de vie comme l’école ou les lieux de culte devaient être préservés. « Mais à quoi ça sert si on fait fuir les premiers intéressés, je vous le demande ? » réagit Fabien Boinet. L’église évangélique qu’il avait conçue sous une tente a été démantelée, « et on est actuellement empêchés d’entrer dans le périmètre de la ‘jungle’. Or chaque être humain devrait pouvoir exercer librement sa foi dans un lieu de culte approprié : c’est un droit fondamental ! »
Face à la confusion qui règne aujourd’hui, il se dit empli de tristesse et de consternation. « On enlève aux migrants le peu qu’ils ont et on ne fait que déplacer le problème : les autorités n’ont pas de solution. Les migrants s’éparpillent sur tout le littoral et ils sont toujours plus nombreux à essayer de passer en Angleterre, coûte que coûte »...
Un rassemblement de soutien aux migrants de Calais doit intervenir ce mardi 1er mars à 18h, Place de la République à Paris.
Gabrielle Desarzens
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