Pour rejoindre le campement situé non loin des Genevez (JU), il faut marcher une vingtaine de minutes. Chemin faisant, un jeune en uniforme de responsable m'explique : « Il y a cinq choses très importantes pour nous. La relation à soi : apprendre à devenir autonome. La relation à son corps : être bien dans ses baskets. La relation aux autres : l'amitié, l'unité, la camaraderie. La relation aux choses : l'habileté manuelle. La relation à Dieu : le pardon de nos péchés. »
A la lisière de la forêt se trouve le campement vers lequel une foule converge. Au-delà du portique d'entrée, agrémenté d'un paraboloïde hyperbolique1, se dresse le grand chapiteau de la tente de la Convention de Morges. A gauche, des drapeaux représentent les 14 groupes de la Brigade romande des Flambeaux de l'Evangile. Aux pieds des mats, nous découvrons des poules, des chèvres, des lapins, une yourte typique du peuple Kasaï, un peuple d'Asie centrale... Une mixture improbable et blanchâtre cuit dans un chaudron. Certains disent qu'il s'agit de lait de yack apprêté à la mode Kasaï et nous proposent d'y goûter... Le long du chemin principal, une dizaine de grils remplis de braises accueillent les saucissons de la torrée2 qui seront servis à midi.
C'est ainsi que, le samedi 19 juillet dernier, les Flambeaux de l'Evangile ont rassemblé 450 enfants, 120 jeunes responsables, des anciens, des parents et des amis – quelque 1200 personnes en tout –, afin de fêter le cinquantenaire de leur présence en Suisse romande. Ils ont d'abord vécu une rencontre commémorative sous le grand chapiteau, avec témoignages, louange et interpellation spirituelle. Puis ils se sont partagé, « sur le pouce », les dizaines de saucissons sortis des braises avant de s'engager dans des jeux originaux : baby-foot grandeur nature, foot avec « lunettes-pour-mal-voir », activités autour de toiles de parachutes, prestidigitation...
Une brigade qui vise la croissance
Sous les carrés militaires de la cuisine, plusieurs responsables se réunissent pour coordonner leur travail. Nombre d'entre eux n'ont pas 20 ans et les grands chefs 10 de plus. Un peu à l'écart, Joël Hächler, 35 ans, chef de la Brigade romande, évoque le chemin parcouru par les Flambeaux de l'Evangile. Il explique : « Durant ces dernières années, nous avons consolidé la Brigade. Cela devrait maintenant nous permettre de grandir grâce à la création de nouveaux groupes. Le dernier-né a été créé à la Béroche et un autre est prévu dans la région d'Yverdon-les-Bains. »
En ce qui concerne l'avenir du mouvement, Joël Hächler voit plusieurs chantiers. Le premier est celui du renouvellement des responsables. « Ceux-ci ont toujours plus de difficultés à s'engager à long terme, explique-il. Par le passé, on leur demandait de s'engager pour une période de quatre ans au minimum. Mais ce n'est plus tellement possible actuellement. »
Un autre défi est lié aux exigences croissantes de notre société concernant l'encadrement des enfants. « On se demande s'il ne faudra pas bientôt exiger un casier judiciaire des jeunes qui s'engagent comme responsables », commente le chef de brigade.
Un lieu privilégié de témoignage chrétien
Quant à la place des scouts, chrétiens confessionnels au sein du scoutisme suisse, elle semble assurée. « Les Flambeaux ne sont pas à la traîne, se réjouit Joël Hächler. Par exemple, notre concept de formation interne et de comité de soutien est maintenant encouragé par le mouvement scout de Suisse (MSdS) Comme chrétiens, il est bon que nous soyons visionnaires ! »
De plus, la référence au spirituel se trouve dans le concept pédagogique de base du MSdS. Mais certains groupes scouts ne savent pas toujours comment produire des animations spirituelles. Ils demandent alors de l'aide aux Flambeaux.
« Mon fils s'est converti aux Flambeaux, lors d'une cérémonie de Promesses, commentait un missionnaire venu assister à la journée. Ce n'était pas à l'école du dimanche ou à l'une de mes prédications... »
Claude-Alain Baehler
1 Forme géométrique reproduite grâce à des cordes tendues.
2 Saucisson emballé et cuit sous des cendres chaudes.