Voilà, c’est arrivé ! Ce que l’on pouvait attendre de pire depuis plus de 4 ans et demi est intervenu. Béatrice Stockly, la missionnaire évangélique indépendante, enlevée au Mali par des djihadistes le 8 janvier 2016, est morte dans des circonstances peu claires. « Médiapart » (1) qui relaie des propos de Sophie Pétronin, l’ex-otage libérée vendredi dernier, explique que la Suissesse aurait été emmenée voilà un mois derrière une dune et qu’un coup de feu aurait été entendu… Pour l’hebdomadaire « Le Point » (2), le journaliste Ian Hamel s’interroge si son « prosélytisme » n’aurait pas provoqué sa perte…
Agacement, incompréhension et rejet
Quelles que soient les circonstances de l’assassinat de Béatrice Stockly, une chose est sûre : cette femme de 60 ans aura agacé, dérangé et suscité l’incompréhension chez beaucoup.
Ses coreligionnaires tout d’abord qui l’ont quasi abandonnée… Curieux, tout de même, de voir si peu de mobilisation pour sa libération dans les médias évangéliques suisses alémaniques ! Les appels réitérés de son frère Werner sur YouTube (3) pour sa libération n’ont connu aucune médiatisation. Comme si s’afficher solidaire de cette femme, originale et volontaire, comme le milieu évangélique en connaît plusieurs, était nuisible à notre bonne réputation !
Les autorités suisses, elles aussi, ont été agacées. Impuissantes face à une femme célibataire qui désirait s’installer là où son cœur le souhaitait, elles se sont néanmoins mobilisées au niveau du Département fédéral des affaires étrangères – merci à ses représentants ! – pour avertir cet « électron libre » des dangers qu’elle encourait. Elles ont mobilisé des ressources importantes, suivi son dossier et relancé, avec les moyens de la Suisse et à de réitérées reprises, des demandes de libération auprès des autorités maliennes et des djihadistes.
L’opinion publique n’a pu également s’empêcher de faire part de son incompréhension voire du rejet du comportement de la Suissesse. A mots couverts et parfois franchement, certains ont lâché que cette « folle » l’avait bien cherché…
Définitivement une martyre !
Dans une chronique, le journaliste réformé Michel Kocher posait, sur RTS La Première (4), la question de savoir si, à propos de la Bâloise, on pouvait parler de « martyre ». Il avançait un critère : celui de l’utilité pour tous du témoignage apporté par la victime.
Sans aucun doute, Béatrice a été une martyre du Christ ! Elle a rappelé à la face du monde que la coexistence pacifique entre croyants est l’horizon du témoignage de tout chrétien, que le fait de témoigner de sa foi librement sans encourir de sanctions est un droit humain fondamental, qu’il existe un nombre impressionnant de contemporains qui, aujourd’hui – souvent en contexte musulman, mais pas que ! – endurent les mêmes traitements que la missionnaire suisse, chrétiens ou non !
Oui, Béatrice Stockly témoigne d’un universel laïc, mais aussi profondément chrétien ! Elle peut compter parmi les martyres de la foi en Jésus-Christ, elle qui, comme Polycarpe en 155 après Jésus-Christ, aurait pu échapper à une mort annoncée en fuyant hors de la région où elle se trouvait, elle qui, comme le vieil évêque de Smyrne, aurait pu rester en vie en se rétractant et en confessant la foi de ses bourreaux…
Béatrice, tu nous as dérangés, agacés et même énervés… Merci de nous rappeler que dans la vie il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (Jean 15.13) ! Enfants et femmes de ton quartier peu recommandable de Tombouctou…
Serge Carrel