Le taux de croissance de la persécution des chrétiens a doublé en 2024 par rapport à l'année précédente. Face à cette augmentation préoccupante, relevée par l’ONG Portes Ouvertes dans son Index mondial de persécution, le mouvement persécution.ch organise une manifestation le 31 août prochain sur la Place fédérale à Berne (16h-17h30). Pour les organisateurs, la souffrance des chrétiens n’est guère relayée dans les pays occidentaux. En donnant une voix à ces 365 millions de chrétiens persécutés en raison de leur foi, soit un chrétien sur sept, les manifestants comptent bien sensibiliser les Églises suisses, le grand public et les instances politiques à ces violences et discriminations.
Le département de Guy Parmelin interpellé par Portes Ouvertes
« La politique de nos autorités, en matière de défense des droits de l’homme, n’est pas assez active. Elle fait des compromis avec des intérêts économiques que peut avoir la Suisse avec d’autres pays », dénonce d’emblée Philippe Fonjallaz, directeur de Portes Ouvertes pour la Suisse. Ce dernier évoque par exemple l’accord de libre-échange que Guy Parmelin et ses homologues d'Islande, de Liechtenstein et de Norvège (AELE) ont signé le 10 mars 2024 avec l’Inde, un pays où le taux de persécution des chrétiens est particulièrement élevé. « Lors de cet accord, l’aspect de défense des libertés religieuses n’a pas été pris en compte dans les négociations », regrette-t-il. Pour lui, le Conseil fédéral devrait avoir le courage de thématiser davantage la liberté religieuse dans ses négociations avec les pays en question.
Lafree.info a interpellé directement le département de Guy Parmelin (DEFR) pour obtenir une réaction et voici la réponse reçue : « Concernant l'ALE (accord de libre-échange) signé entre l'Inde et les pays de l'AELE (y compris la Suisse), nous tenons à mettre en avant que, l'Inde étant la plus grande démocratie du monde, la Suisse a tout intérêt à renforcer ses relations avec ce pays et à entretenir le dialogue bilatéral. L'accord peut justement servir d'instrument supplémentaire pour le dialogue, y compris sur les sujets mentionnés. Les obligations internationales des parties sont réaffirmées dans le préambule de l'accord - en particulier aussi celles relevant de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Le comité mixte offrira une plate-forme importante pour discuter de sujets tels que les droits de l'homme et du travail avec l'Inde. Toutefois, les ALE ne constituent qu'une partie de ce que fait la Suisse pour améliorer les droits de l'homme dans le monde ; il existe d'autres canaux spécifiquement dédiés à la thématique, en particulier au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) ».
Sept fois plus d’Eglises fermées qu’en 2023
Le taux de croissance de la persécution des chrétiens a doublé comparativement à 2023. Cette tendance se manifeste en particulier par trois aspects : un nombre record d'Eglises fermées ou détruites (soit sept fois plus que l'année précédente), une augmentation de 7,7 % du score de la violence sur la totalité des 50 premiers pays de l'Index mondial de persécution et un nombre record de pays où la persécution des chrétiens est présente à un degré élevé ou extrême.
L'explosion de la violence s'exprime par une forte augmentation du nombre de chrétiens agressés physiquement ou menacés de mort (42'849 contre moins de 30'000 l'année précédente), du nombre de propriétés de chrétiens attaquées, ainsi que du nombre de chrétiens contraints de fuir leur foyer (295'120 contre 139 307 l'année précédente).
La liberté de religion, marqueur de l'état de santé d'une société
« Il est primordial de lutter pour que la liberté de religion soit mieux respectée dans le monde. En premier lieu parce qu'il s'agit d'un droit de l'homme fondamental », relève Philippe Fonjallaz. « Nous observons également qu'elle est un marqueur de l'état de santé d'un pays : lorsque cette liberté-là est bafouée dans un État, il en résulte souvent que d'autres libertés individuelles ou collectives sont remises en question. »