Homme de radio, pasteur, évangéliste, producteur de films, musicien, écrivain... Alain Normand est décédé le 29 juin 2021, à l’âge de 82 ans.
Alain est né le 21 mai 1939, dans la ville française de Cannes, quatre ans après son frère Guy et quatre mois avant le début de la Seconde guerre mondiale. Son père est mobilisé. Prisonnier de guerre, celui-ci revient malade d’un camp allemand et meurt quelques mois après la fin de la guerre.
Alain accompagne régulièrement sa mère dans une Eglise évangélique et, à douze ans, il prend la décision de devenir disciple de Jésus-Christ. Un an plus tard, il déménage à Genève, car sa mère s’est remariée avec un Suisse.
A Genève, Alain découvre une nouvelle Eglise évangélique. Il obtient un Certificat fédéral de capacité (CFC) en administration, découvre la guitare et gagne un championnat dans une équipe junior du Servette Football Club.
En 1958, Alain entreprend une formation théologique en Angleterre, à l’International Bible Training Institute. A la fin de cette formation, il est convoqué au Consulat français de Londres, afin d’effectuer son service militaire dans l’armée française. Parce qu’il est objecteur de conscience, il est recruté comme parachutiste-infirmier, sans arme. Formé au saut en parachute et aux soins infirmiers, il rejoint l’Algérie en guerre et soigne principalement des soldats. Cette période lui donne l’occasion de vivre de nombreuses aventures humaines et spirituelles. Il médite particulièrement cette parole de Jésus : « Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu » (Matthieu 5.9).
Démobilisé, Alain part pour Francfort. Il désire y apprendre l’allemand, mais aussi apprendre à aimer les Allemands au nom du Christ. Là, il travaille dans une banque américaine, fréquente une Eglise évangélique et poursuit l’étude de la guitare. De retour à Genève, il décide de s’engager plus radicalement au service de Dieu. Un ami de son Eglise lui lance : « Radio Réveil, à Lugano, cherche un collaborateur. Tu es vraiment fait pour ça ! »
Les premiers pas avec la radio
A Lugano, Alain découvre l’évangélisation par la radio. Il correspond avec les auditeurs de grandes radios périphériques françaises. Il rencontre aussi Béatrice, la secrétaire de l’équipe, avec laquelle il se marie en 1965. Le couple a la joie d’accueillir Sandrine en 1966, François en 1967 et Jérôme en 1969.
Durant cette période, la jeune famille déménage à Bienne, où Alain est engagé comme pasteur dans une Eglise baptiste. Il complète également sa formation théologique. Mais, l’appel pour la radio conduit la famille à déménager à Bevaix, dans le canton de Neuchâtel, où Radio Réveil a déménagé, après ses débuts au Tessin.
Alain prend la responsabilité de la réalisation de programmes radiophoniques, ainsi que du département de relation d’aide. Il participe également à l’adaptation – appelée « africanisation » – de certaines émissions destinées au continent africain.
En 1976 survient le décès dramatique de Jérôme, à l’âge de sept ans. Celui-ci se trouve chez un copain qui le tue en jouant avec une carabine.
En 1978, Alain fonde une nouvelle œuvre pour la communication par les médias : MEDIA Communication évangélique. Durant trente-deux ans, cette association a produit plus de mille émissions de radio, contribuant ainsi à la diffusion de la foi chrétienne en francophonie. Elle a par la suite été reprise par Média Service Diffusion (MSD) à Frutigen.
En 1982, la famille est à nouveau éprouvée : Béatrice meurt des suites d’une maladie, laissant la famille dans le désarroi et la tristesse. Au cœur de cet ébranlement affectif et spirituel, Alain rencontre beaucoup d’amour et de bienveillance de la part de ses amis et des frères et sœurs de son Eglise. Une voisine s’occupe du linge de la famille, alors que d’autres voisins accueillent les enfants à table à midi. Cela permet au papa de poursuivre son travail.
Nouveau départ, malgré tout
En octobre 1984, Alain épouse une jeune veuve : Claire-Lise. Cet événement marque également le début d’un temps de créativité et de renouveau pour MEDIA Communication évangélique : production de programmes, diffusion accrue sur des émetteurs missionnaires et commerciaux, africanisation d’émissions, production de dix-huit albums de musique chrétienne, production de neuf courts métrages pour la télévision, sous le label ANCOfilm. Alain étudie assidûment la guitare. Il compose et produit une trentaine de chansons destinées aux enfants.
Plusieurs fois par année, Claire-Lise et Alain deviennent les « Troubadours de l’Evangile », en proposant des veillées sur des radios locales ou dans des Eglises évangéliques. Ainsi, le couple chante en France, en Belgique, en Suisse et en Allemagne, accompagné à la guitare.
En 1989, Alain et Claire-Lise participent à la fondation de l’Eglise évangélique régionale de Boudry, qui fait aujourd’hui partie de la Fédération romande d’Eglises évangéliques (FREE). C’est une belle aventure de foi, marquée par la joie, le dynamisme, des conversions et de la fraternité. Puis, en 1994, et durant six ans, Alain sert comme pasteur dans l’Eglise évangélique libre de Couvet, tout en poursuivant son ministère avec MEDIA Communication évangélique. Durant cette même période, il préside l’ancienne Fédération des Eglises évangéliques libres et apporte son soutien à l’implantation d’une nouvelle Eglise à Villars-sur-Glâne, l’actuelle Eglise évangélique de Bourguillon, membre de la FREE.
Durant quelques années, Alain assume la direction, à temps partiel, de Audio Gospel, la branche francophone d’une œuvre internationale pour l’évangélisation des peuples et tribus non atteints par l’Evangile. Audio Gospel enregistrait et distribuait des messages évangéliques en plusieurs langues, notamment en Afrique.
Collaboration avec l’Afrique francophone
A la suite de cette expérience, Alain comprend que les chrétiens africains ont des possibilités intéressantes de diffuser le message biblique par l’intermédiaire des radios FM régionales. Il oriente ainsi le ministère de MEDIA Communication évangélique vers une collaboration avec des chrétiens africains, afin de leur permettre de développer eux-mêmes des médias dans divers pays. Il remplace la production de programmes radio destinés à l’Afrique par de la formation en communication radiophonique et en déontologie journalistique. MEDIA Communication évangélique contribue également à l’équipement technique de radios déjà existantes. Cela lui vaut de solides amitiés avec des chrétiens africains de différents pays, surtout au Cameroun, au Burkina Faso, au Togo, en Guinée Conakry, au Sénégal et au Tchad.
Au soir de sa vie, Alain priait Dieu avec reconnaissance : « Je le sais bien, je n’ai pas été une star des médias évangéliques. J’aurai été un serviteur inutile, car tu pouvais te passer de moi. Mais, sur les grandes radios périphériques françaises, sur des radios FM locales en France et en Belgique, sur des radios africaines à l’audience énorme, comme dans de petites Eglises, tu as permis que je proclame ton message de vie, de paix, et d’amour ».
En 2019 et 2020, déjà touché par la sclérose latérale amyotrophique (maladie de Charcot), une maladie dégénérative incurable, Alain rassemble des pensées dans un livre intitulé : « Que du bonheur… malgré tout ! »(1). Il nous laisse ce testament spirituel en cadeau.
Claude-Alain Baehler
Note
(1) Alain Normand, Que du bonheur… malgré tout !, Couvet, 2020, 160 p. Commande : clise.normand@bluewin.ch ou compta@lafree.ch.