« Tchad : le four solaire a la cote » par Gabrielle Desarzens

vendredi 09 octobre 2015

« Le four solaire, c’est un peu nos repas préprogrammés dans le four de nos cuisines version africaine et écologique », explique à Moutier Christian Simonin, directeur de la Mission évangélique au Tchad (MET). Bilan après cinq ans d’un exercice qui tient ses promesses.

A priori, l’objet n’a rien de spectaculaire. Il se présente comme un cube en bois monté sur quatre pieds, dont le couvercle une fois ouvert comprend un double panneau solaire. « Les fours que nous fabriquons ne sont pas spectaculaires mais ils changent tout : ils préservent l’environnement, économisent le prix du combustible et dégagent du temps aux femmes qui peuvent alors travailler ou se former. » Ingénieur à Moutier, Christian Simonin en est convaincu : « Le four solaire est une réponse très adéquate à la désertification qui menace les pays sahéliens. »

Economies réalisées

Pour lutter contre l’érosion des sols et l’avancée du désert, le gouvernement tchadien interdit aujourd’hui la coupe du bois vert, comme la fabrication et l’utilisation du charbon de bois. Résultat : les habitants se rabattent sur le bois mort dont le prix augmente en flèche. L’utilisation de l’énergie solaire permet par conséquent des économies bienvenues, « soit un dixième d’un salaire moyen au Tchad », commente Christian Simonin.

La MET a déjà fabriqué quelque 1000 fours solaires dans ses ateliers de N’Djamena. Elle a formé plus de 100 animatrices qui ont à leur tour enseigné leur savoir-faire à 5000 utilisatrices. Fort de ce succès, l’ONG met sur pied des ateliers similaires à Abéché, dans l’est du pays, ainsi qu’à Doba, dans le sud.

Travail sur les mentalités

La principale difficulté dans l’introduction de cette infrastructure réside d’une part dans l’investissement de base qui correspond à CHF 100.-. L’ONG a ainsi créé un fonds de micro-crédit pour que les plus précarisés puissent bénéficier du four solaire, amorti en six mois. Le travail sur les mentalités est l’autre défi majeur : « Difficile pour les femmes de changer leur quotidien. Il faut des exemples de Tchadiennes emblématiques », souligne le directeur de la MET, qui salue en ce sens des femmes comme Solange Roba, l’une des animatrices locales de la technologie solaire. Cette personne dynamique avait d’ailleurs rendu compte dans le livre Parole aux femmes du chamboulement que provoquait le four solaire dans la journée de nombre de Tchadiennes. Mais « cumulant la patience d’une mère, l’amour d’une amie et l’ardeur d’une militante pour l’environnement, je ne me lasse pas de répéter, expliquer et de les motiver à changer leurs habitudes. Au début, elles me voyaient comme une formatrice. Mais après quelques jours, je suis devenue une grande sœur ou une conseillère et c’est bien, car après la formation, j’assure un suivi, j’assiste aux formations offertes par mes animatrices, je les visite à domicile, et suis toujours la bienvenue » (1).

Note
(1) Gabrielle Desarzens, Parole aux femmes, Au Sud comme au Nord elles changent le monde, Lonay-sur-Morges, StopPauvreté, 2014, p. 69.

Gabrielle Desarzens

Le site de la Mission évangélique au Tchad (MET).

Un reportage sur le four solaire au Tchad du magazine TV Réussite (Jeune Afrique) : "Promosol, un four solaire 'made in' Tchad".

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