Tchad-SME: une évaluation brise l’impossibilité d’une machine à coudre pour deux

lundi 29 avril 2013

Du 30 décembre au 6 janvier, une équipe de Romands était au Tchad pour évaluer le travail de Reto et Barbara Lampert, dans le cadre du Centre évangélique culturel et de formations polytechniques Al Tatawwur au Tchad. Echo d'un moment fort de cette démarche.

« On a réfléchi. On est d'accord de se mettre à deux pour acheter une machine ! » Sylviane André, Angela Blatter, Barbara Lampert et Danielle Curchod sont sur la place du village de Doli (16 km de Bitkine). Une dizaine de femmes avec leurs enfants leur font face, assises sur des nattes. Il est 17 heures. Enfin ! Ces femmes tchadiennes qui ont suivi pendant 7 mois le cours de couture dispensé par le Centre Al Tatawwur acceptent la proposition de se mettre à deux pour un achat de machine à coudre.
La discussion a été longue. D'un côté ces femmes souhaitaient disposer chacune de leur propre machine. Elles estimaient qu'après un cours de couture réussi, elles devaient disposer de l'engin sur lequel elles avaient travaillé pendant des semaines. Du côté des évaluatrices européennes, toute aide au développement censée exige une participation de la personne aidée... Donc pas de distribution gratuite de l'outil de travail !

Un non ferme !
Le jour d'avant à Bitkine dans la salle de cours du centre, la discussion avait commencé... Pour ces femmes tchadiennes, il était impossible de se mettre à deux pour acheter une machine et, pratiquement, elles ne venaient pas dans le centre pour utiliser les machines mises gratuitement à disposition. La discussion s'était arrêtée-là, mais une invitation à venir dans le village de Doli avait été lancée.
Le lendemain, au village, la discussion reprend et les femmes font les mêmes remarques qu'à Bitkine, appuyées cette fois par les hommes qui participent à l'évaluation. Il y a du temps pour discuter et une de ces femmes lance en arabe tchadien : « Nous aurions besoin d'un cours d'approfondissement... » Et elle ajoute : « Et d'avoir chacune notre machine ! » Principal argument en faveur de ce cadeau : le client doit voir de ses yeux ce que la couturière est train de réaliser. Sinon il soupçonne qu'elle n'a pas cousu elle-même l'objet demandé et qu'elle fait faire le travail par quelqu'un d'autre.

Une visite dans une concession
Nous avons donc réitéré notre proposition de se mettre à deux, du même village, pour acquérir une machine. Barbara Lampert, bien inspirée, lance alors : « Qui d'entre vous possède une machine et l'utilise ? » Une femme d'une trentaine d'années nous invite à rejoindre sa concession. A cinq, nous nous mettons en route et découvrons une machine installée sous un couvert. La femme nous montre alors ses diverses réalisations. Nous prenons conscience qu'elle a effectivement confectionné des vêtements, mais qu'il lui manque un minimum de savoir-faire pour les finir joliment. Là Barbara lui donne quelques conseils appropriés.
De retour sur la natte, changement de climat. Les femmes restées sur place ont discuté entre elles et sont tombées d'accord : « Nous sommes prêtes à nous mettre à deux pour acquérir une machine subventionnée ! »
Nous prenons note de cette évolution de la discussion et nous nous réjouissons du fait qu'une vraie rencontre s'est passée ce jour-là. Nous avons pris conscience des vrais besoins de ces femmes en matière de formation et elles se sont rendu compte qu'un partage de machine était possible !
Danielle Curchod

  • Encadré 1:

    Pour Christian Simonin : «L'occasion de vérifier si le projet est sur de bons rails»
    En tant que Mission évangélique au Tchad (MET), nous sommes vraiment reconnaissants pour ce partenariat avec le SME qui a pu se mettre en place dans le cadre de ce projet de formation à Bitkine. Cette évaluation externe, réalisée par quelques membres et amis du SME, est un excellent moyen, grâce à cet œil extérieur, de vérifier si le projet est sur de bons rails et de donner quelques impulsions constructives pour la suite du projet, afin d'en améliorer la qualité. Les responsables du projet ont bien apprécié cette évaluation qui a été menée de manière professionnelle.
    Christian Simonin, secrétaire exécutif de la MET.

  • Encadré 2:

    Le Centre Al Tatawwur
    Reto et Barbara Lampert coordonnent le développement du Centre évangélique culturel et de formations polytechniques Al Tatawwur, à Bitkine, une ville de 11'000 habitants au centre du Tchad. Ce centre est géré conjointement par une Eglise locale rattachée aux Assemblées évangéliques au Tchad (AET) et par la Mission évangélique du Tchad (MET), en partenariat avec le Service de Missions et d'entraide (SME) de la FREE.
    Al Tatawwur propose des formations techniques dans plusieurs domaines: fabrication et réparation d'outils agricoles, menuiserie, maçonnerie, serrurerie, soudure, couture, tricot, électricité, maroquinerie, informatique...

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