En Inde, les élections législatives battent leur plein et sont en train de jouer un rôle capital pour le sort des chrétiens de ce pays. Débutées le 19 avril, elles se termineront le 1er juin, avec des résultats proclamés le 4 juin. « Si le parti de Modi BJP (ndlr :le parti de droite nationaliste hindou) est réélu pour un troisième mandat, les violences et les persécutions à l'encontre des minorités religieuses s’intensifieront et la démocratie pourrait même être anéantie », rapporte Portes Ouvertes dans un communiqué.
L'idéologie de l’hindutva se répand dans le pays
Depuis l'élection du premier ministre Narendra Modi en 2014, l’idéologie de l'hindutva (nationalisme hindou radical) s'est répandue dans tout le pays, considérant les minorités religieuses comme étrangères à la nation. Le souhait des radicaux : «nettoyer» le pays du christianisme et de l’islam. « En dix ans, les violences physiques, les exclusions communautaires ou les destructions de biens se sont multipliées contre les chrétiens. Les violences commises par des foules fanatisées se sont également répandues dans plusieurs États, avec des passages à tabac, la destruction de maisons et d’églises, ainsi que de biens de subsistance », relève Portes Ouvertes.
Incidence des élections sur les lois anti-conversion
Une nouvelle victoire de Narendra Modi encouragerait également l'introduction des lois anti-conversion dans davantage d'États de l’Inde et peut-être même au niveau national. Actuellement en vigueur dans 11 des 28 États, ces loi anti-conversion sont censées empêcher les tentatives de conversion à une autre religion (que l'hindouisme) au moyen de «fausses déclarations, de la force, d'une influence indue, de la coercition, de l'attrait ou de moyens frauduleux». Dans la pratique, elles sont souvent utilisées pour empêcher les chrétiens de pratiquer leur culte, de se réunir ou de témoigner de leur foi en Jésus. «L'absence de définition correcte de ces termes rend la loi propice aux abus. Ces lois sont utilisées pour cibler les minorités par des groupes nationalistes et des groupes affiliés à des mouvements extrémistes hindous, qui se sentent ainsi le droit d’agir en toute impunité », explique Rinzen Baleng, chargée de plaidoyer chez Portes Ouvertes.
Les leaders chrétiens sont épuisés
Portes Ouvertes appelle tous les chrétiens à la prière. « Nous pouvons soutenir les chrétiens indiens par la prière en demandant si possible que ce ne soit pas le parti de Modi qui soit élu. Prions pour la protection des chrétiens de ce pays car même en dehors des élections, il y a beaucoup de violence. Prions pour que les leaders des églises, qui sont souvent ciblés, soient renouvelés dans leur force car ils sont épuisés d’avoir toute cette pression et de devoir toujours faire attention. On croit que l’Inde est un pays pacifique mais on ne se rend pas compte à quel point les chrétiens sont en danger » souligne Esther Laurent, responsable du marketing digital chez Portes Ouvertes.
L'Inde est actuellement classée au 11ème rang de l’Index mondial de persécution de Portes Ouvertes, qui classe les 50 pays où les chrétiens sont confrontés à la persécution et à la discrimination les plus sévères. Depuis 2014, l'Inde a grimpé de 17 places dans le classement.