Les inaudibles sont celles et ceux qui vivent dans la précarité, qui sont en augmentation dans nos villes et qui n’ont pas de parole, de voix dans la cité. La moitié des 60 membres de ce parlement particulier qui s’est tenu pour la première fois samedi 14 octobre est donc en situation de précarité. L’un d’eux, un jeune Suisse de 30 ans, a par exemple plaidé en faveur d’un accès pour tous à la formation professionnelle.
Ce parlement a adopté une douzaine de propositions, qui ont trait à la discrimination, au travail et au logement. Car dans la seule ville de Genève, 1'000 à 1'500 personnes cherchent actuellement où dormir, voire dorment dans la rue. La précarisation augmente et l’offre ne répond plus à la demande. Même les services sociaux l’admettent, indique Inès Calstas, qui exerce un ministère pastoral de rue au sein de l’Eglise catholique et qui a participé à l’organisation de ce parlement.
Plusieurs personnalités politiques présentes
Le phénomène touche toutes les grandes villes de Suisse et la tendance est mondiale. Genève est cependant depuis peu confrontée à la grande précarité, soit à la misère. Plusieurs personnalités politiques genevoises ont pu l’entendre. Comme elles ont pu entendre aussi que la précarité est une grande violence.
Fort de ce premier exercice, le Parlement des inaudibles va réitérer l’expérience l’année prochaine et d’ici là, continuer le dialogue avec les autorités.
Journée internationale
La tenue de ce Parlement a été l’un des évènements organisés dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté célébrée aujourd’hui 17 octobre, pour « rompre le silence » et « donner une visibilité aux démunis ». Au Palais des Nations, une comédie musicale est interprétée par des personnes précarisées ; Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, doit prendre la parole. Cette journée mondiale qui fête ses 30 ans avait été inaugurée par le prêtre français Joseph Wresinski. En 1987, celui-ci avait pris la parole devant la Commission des droits de l’homme, pour demander que soit reconnue l'extrême pauvreté comme une violation des droits de l'Homme.
Gabrielle Desarzens