Gilles Boucomont et la paroisse du Marais à Paris, un espoir pour les réformés francophones

mercredi 30 août 2017

Il a eu une expérience dans le monde de la finance. Puis il a fait des études de théologie qui lui donnent des convictions chrétiennes plutôt libérales. Son passage par l'Afrique lui apporte une autre manière de vivre et de concevoir la foi chrétienne. Le pasteur Gilles Boucomont témoigne de son parcours dans une émission Ciel ! Mon info, alors qu'il quitte son ministère dans la paroisse du Marais à Paris pour celle de Belleville dans le nord de la capitale française. Durant son ministère, la paroisse du Marais est devenue l'une des plus fréquentées de l'Eglise protestante unie de France (EPUF).

« Pendant mes 12 ans de ministère dans la paroisse du Marais à Paris, on peut dire que l’assistance au culte a crû de 50 pour cent chaque année ». Le pasteur Gilles Boucomont est un phénomène dans le cadre du protestantisme réformé d’aujourd’hui en francophonie. Au bénéfice d’une formation dans la finance, il décide de faire des études de théologie pour prendre de la distance avec le monde dans lequel il est en train d’entrer. Après son pensum d’études théologiques, il en sort doté de conceptions « ultra libérales », selon ses termes.

Deux ans d’Afrique refaçonnent sa théologie

Il part ensuite deux ans à Djibouti pour y accomplir son service national. Dans ce contexte marqué par le nombre impressionnant de réfugiés, il découvre une autre manière de vivre la foi chrétienne. « Il y avait là des gens qui ne considéraient pas le Saint-Esprit uniquement comme l’interprète des Ecritures, mais qui priaient pour être guéris et pour recevoir leur pain quotidien. » Avec son épouse, il réalise alors que la réalité de ces chrétiens réfugiés de Djibouti est en connexion avec les Actes des Apôtres. « Il y a eu un rapprochement entre le réel de ces gens et le Nouveau Testament que nous n’aurions jamais soupçonné », relève-t-il.

Cette expérience refonde sa théologie. « Alors certes, explique-t-il, je garde de l’intérêt pour la lecture symbolique des textes bibliques. Mais dans certains milieux, sous prétexte de ne pas être ‘fondamentalistes’, on s’interdit de lire la Bible parfois au premier degré ! En réalité, Dieu continue de guérir aujourd’hui et le monde spirituel est une réalité ! »

L’appel d’une paroisse désespérée

Après 7 ans de pastorat à Rouen, Gilles Boucomont s’intéresse à une Eglise vide. Il est nommé à la paroisse du Marais (EPUF) à Paris. « On y prêchait aux bancs plus qu’aux personnes », lâche-t-il. Une vingtaine de personnes assistent à son culte d’installation, y compris les membres de sa famille !

« Quand les gens qui fréquentent une paroisse sont désespérés, ajoute-t-il, on peut commencer à espérer ! » Les premières années de son pastorat à Paris, Gilles Boucomont les consacre à recentrer la vie communautaire sur l’essentiel. La fête de Noël et la vente annuelle de fripes passent à la trappe. « Nous nous sommes demandé ce qu’étaient les priorités pour construire une Eglise aujourd’hui et nous avons renoué avec une façon d’être en Eglise connue au début du christianisme. En fait telle qu’elle nous est racontée dans les Actes des Apôtres. »

Le culte est revisité. « Nous avons mis à mal la seigneurie universelle de l’organiste, lance Gilles Boucomont. L’orgue, c’est bien ! Mais pas l’orgue à tout prix. » Des guitares font leur apparition pour animer les temps de chant dans le culte. L’accent de la vie communautaire est mis sur le relationnel. Des repas sont régulièrement organisés pour permettre aux participants au culte de se rencontrer et de développer un authentique vivre ensemble.

Il lance un mouvement de formation à l’accompagnement pastoral

Les gens qui frappent à la porte de ce temple protestant du quatrième arrondissement de Paris, SDF ou personnes en quête spirituelle, sont accompagnés au point qu’aujourd’hui « les trois quarts des participants au culte ne sont pas sortis du ventre de leur mère avec une croix huguenote autour du cou », plaisante le pasteur Boucomont. La formation à l’accompagnement pastoral connaît un essor important. « Lorsqu’on parle d’accompagnement pastoral, cela ne veut pas nécessairement dire un accompagnement conduit par un pasteur », complète Gilles Boucomont.

La paroisse du Marais commence donc à former un par un à l’accompagnement pastoral ses membres disponibles pour écouter autrui et pour mener des entretiens de relation d’aide. Aujourd’hui, plus de 3000 personnes, à la fois dans la paroisse du Marais, mais aussi en France, en Suisse, en Sibérie et aux Etats-Unis, ont suivi cette formation. « En fait si nous sommes chrétiens, nous sommes invités à devenir de petits Christs pour autrui, à déployer un certain nombre de choses que Jésus a pratiquées : prêcher, prendre soin des gens dans leurs besoins physiques et des individus dans leurs besoins particuliers. Je ne crois pas à la proclamation de l’Evangile uniquement, mais aux changements concrets qu’il opère dans la vie des gens. Et cela marche ! » complète celui qui commence cet été un nouveau ministère dans la paroisse de Belleville dans le XXe arrondissement de Paris.

Serge Carrel

Journaliste : Serge Carrel
Cameraman : Johannes Hierl
Réalisation : Patrick Hierl
Montage : Darry Cavallo

 

Publicité

Journal Vivre

Opinion

Opinion

Agenda

Événements suivants

myfreelife.ch

  • Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Ven 22 septembre 2023

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Jeu 15 juin 2023

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

  • Une expérience tchadienne « qui ouvre les yeux »

    Ven 20 janvier 2023

    Elle a 19 ans, étudie la psychologie à l’Université de Lausanne, et vient de faire un mois de bénévolat auprès de jeunes de la rue à N’Djaména. Tamara Furter, de l’Eglise évangélique La Chapelle (FREE) au Brassus, a découvert que l’on peut être fort et joyeux dans la précarité.

  • « Oui, la relève de l’Eglise passe par les femmes »

    Ven 16 septembre 2022

    Nel Berner, 52 ans, est dans la dernière ligne droite de ses études en théologie à la HET-PRO. Pour elle, la Bible est favorable au ministère féminin. Et les communautés doivent reconnaître avoir besoin tant d’hommes que de femmes à leur tête.

eglisesfree.ch

eglise-numerique.org

point-theo.com

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !