C’est avec soulagement que mardi 18 septembre, sur le coup de midi, l’assistance du tribunal d’arrondissement de Lausanne a entendu le juge acquitter Flavie Bettex, cette femme de 27 ans condamnée pour avoir sous-loué un studio à un requérant iranien débouté et depuis 12 ans en Suisse ! Un roulement d’applaudissements a commencé lentement à s’élever de l’assistance, puis s’est intensifié, parce que non seulement la jeune ergothérapeute était acquittée, mais ses frais de justice devraient être payés par l’Etat, pour autant qu’il n’y ait pas de recours du Ministère public.
Une marche arrière bienvenue !
Suite aux condamnations reçues par deux chrétiens évangéliques ces dernières semaines – Flavie Bettex et le pasteur de la FREE Norbert Valley –, la justice helvétique a fait marche arrière et reconnu à des citoyens le droit, pour autant que cela soit fait dans la transparence, de pratiquer l’amour du prochain à l’endroit de déboutés du droit d’asile.
Voilà qui ouvre des perspectives rassurantes pour Norbert Valley, condamné lui aussi pour avoir hébergé dans son église un Togolais débouté, et pour lui avoir offert à manger. L’article 116 de la Loi sur les étrangers qui venait justifier ces condamnations vise des passeurs ou des acteurs du trafic humain. Il ne vise pas des gens qui, de manière désintéressée et au nom de leurs convictions, aident de telles personnes dans le besoin.
800 personnes condamnées l’an dernier par l’article 116 de la Loi sur les étrangers
Il n’en demeure pas moins que, selon Amnesty International Suisse, 800 personnes ont été condamnées l’an dernier pour infraction à cet article. Dans ce nombre à coup sûr, certains condamnés ont abusé de la situation de faiblesse de requérants, mais combien de citoyens, habités par des valeurs chrétiennes ou d’autres, ont-ils été condamnés pour avoir donné à manger à quelqu’un qui avait faim et donner à boire à un assoiffé (Matthieu 25.35) ?
En 2008, l’entrée en vigueur de la révision de cette Loi sur les étrangers a supprimé la « clause de non-punissabilité » pour des motifs honorables de personnes qui auraient aidé durant son séjour en Suisse un requérant débouté. Cette clause ne devrait-elle pas être instaurée à nouveau ? Pour tout citoyen poussé à aider pareille personne... Et surtout, pour tout pasteur ou prêtre amené, dans ses rencontres et entretiens, à secourir concrètement des personnes en extrême vulnérabilité. Ce serait l’occasion de reconnaître que, en Suisse, des citoyens lambda et des ecclésiastiques peuvent, par leur service ou leur engagement, amener un peu d’huile dans les rouages d’une société constamment menacée de déshumanisation.