« Pendant l’été, j’ai écrit une brochure de prévention sur Ebola en kissi et en français. Nous avons commencé à diffuser les quelque 10 000 exemplaires faits de 6 pages A4. » Madeleine Deriaz vit en Guinée-Conakry à Kissidougou, à 600 km à l’est de la capitale. Cette envoyée de SAM global enseigne le français et la littérature africaine dans une école biblique et participe à un programme d’alphabétisation en kissi. Membre de l’Eglise évangélique des Uttins à Yverdon-les-Bains, elle commence sa brochure intitulée « Ebola. La leçon des singes » avec un conte, comme cela se fait souvent dans la culture guinéenne. Elle poursuit sa démarche de prévention en donnant des consignes sur ce qu’il importe de ne pas consommer, puis des indications sur la manière de se comporter avec les personnes atteintes du virus.
Jointe par internet, Madeleine Deriaz relève que l’épidémie Ebola a pris beaucoup de place dans la vie des habitants de la Guinée. « Malheureusement des malades continuent de mourir, confie-t-elle. Il y a un mois, nous avons même perdu un pasteur que tous ici connaissaient et appréciaient. » Ce pasteur n’est pas décédé des suites de la maladie, mais il a été assassiné, alors qu’il faisait de la prévention contre le virus Ebola avec une dizaine d’autres personnes dans un village de brousse.
Un quotidien au ralenti
La vie quotidienne est passablement ralentie, relève la Suissesse. L’hôpital de Kissidougou est vide. De nombreux membres du personnel ont été contaminés, ce qui fait que beaucoup ont peur de continuer à travailler à l’hôpital. La rentrée scolaire a été repoussée à une date indéterminée. L’école biblique dans laquelle enseigne Madeleine Deriaz n’a pas encore fixé de date de rentrée.
Dans la préfecture voisine de Guéckédou, l’épidémie d’Ebola a commencé en début d’année. « On a d’abord pensé à la fièvre de Lassa, explique-t-elle. Ce n’est qu’en mars qu’on a compris qu’il s’agissait d’Ebola. Le virus Ebola est très contagieux, mais n’est pas si facile à attraper, relève-t-elle. Il faut avoir un contact direct soit avec un animal contaminé, soit avec une personne atteinte. »
En public uniquement si elle prêche !
Toute l’équipe de la mission doit s’abstenir de se rendre dans les centres de santé et les hôpitaux, de visiter des malades et d’utiliser les taxis et bus dans lesquels les passagers, dont on ne connaît pas l’état de santé, voyagent très serrés les uns contre les autres. Les principes d’hygiène de base sont bien sûr importants à respecter, en particulier le lavage des mains.
Madeleine Deriaz a aussi renoncé à participer au culte dans certaines Eglises très fréquentées, où la promiscuité est grande. « Je peux encore prêcher dans n’importe quelle Eglise, confie-t-elle, parce que le prédicateur s’assied en face du public, sur une chaise personnelle ! »
SAM global soutient le travail des Eglises dans huit pays de la Planète. Elle compte une cinquantaine d’envoyés en Guinée-Conakry – enfants compris – et son siège est à Winterthur.
Serge Carrel
Le pdf en français de la brochure de prévention contre Ebola, réalisée par Madeleine Deriaz. Voir ci-dessous.
Le point sur la situation d’Ebola en Guinée. Cette page web de l’Ambassade de France à Conakry est mise à jour régulièrement.