Il répond aux questions dans son salon au Mont-sur-Lausanne (VD). Des perruches virevoltent au plafond... C’est normal ? « C’est un signe de l’Esprit Saint », commente avec humour le pasteur Martin Hoegger. En arrêt maladie suite à sa mise à l’écart par le Conseil synodal de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) de sa fonction de « responsable du dialogue œcuménique », l’homme se refait en silence. « J’ai failli faire une casse. Le retrait de ce ministère qui m’a été confié en 2003 me fait encore mal et me questionne ; comme les quelque 300 personnes avec lesquelles j’ai travaillé pendant douze ans et qui m’envoient, troublées, des lettres, des courriels et qui me téléphonent. »
Le Conseil synodal lui a reproché de ne pas être son « ambassadeur », au vu de prises de positions différentes qu’il a adoptées, notamment en ce qui concerne le rite de bénédiction pour personnes de même sexe.
« Monsieur œcuménisme »
Devenu au fil des ans « Monsieur œcuménisme » des réformés romands selon une expression de l’agence de presse Protestinfo, Martin Hoegger a toutefois aimé mettre en pratique l’appel du Christ à l’unité, relayé dans l’évangile de Jean (Jean 17.21). « Entre les Eglises protestantes qui sont plurielles, puis avec l’Eglise catholique et les autres Eglises et mouvements : le travail œcuménique connaît différents niveaux. Le dialogue interreligieux nous oblige, lui, à revenir au cœur de ce qu’on croit et nous aide à dégager l’essentiel de notre foi », explique celui qui a aussi travaillé au vivre ensemble de personnes de religions différentes. Le travail entre les Eglises a dilaté son cœur, l’a « catholicisé » : « Ce mot exprime l’idée que chaque chrétien est appelé à vivre de la plénitude du Christ, dont l’amour est devenu pour moi effectivement plus large, plus profond, plus haut... »
« Ma foi est là... »
La clé de son engagement chrétien ? Martin Hoegger enlève le bracelet qu’il porte au poignet, le place sur la table basse devant lui et explique : « Ma foi, ce sont ces perles : je les ai montées ainsi la première fois en Grèce il y a six mois, quand j’ai rencontré un patron de restaurant qui avait en main un chapelet orthodoxe. J’ai voulu quelque chose de similaire qui soit ‘protestant-compatible’... » L’homme sourit, puis explique : « Il y a d’abord un cœur qui traduit la manière dont il faut faire les choses dans la vie ; puis des pierres blanches, qui disent la confiance ; des rouges, qui parlent des blessures ; des jaunes qui évoquent la lumière, puis des bleues, qui font référence au chemin. Entre elles, il y a ces petites pierres vertes qui parlent de l’écoute nécessaire. Ma foi est là : je me demande au quotidien quelle est ma confiance, que faire de mes blessures... Je prie et j’essaie de faire les choses au nom du Christ. »
Dès la fin de son congé maladie, Martin Hoegger effectuera un remplacement pastoral à mi-temps dans la paroisse de Lutry. Il continue, à 30%, d’être l’aumônier des sœurs de Saint-Loup.
Anne Vincent
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