«A propos de l’expression 'Allâhu Akbar' » par Christian Bibollet

Christian Bibollet vendredi 03 juillet 2020

Le 24 juin, Christian Bibollet de l’Institut pour les questions relatives à l’islam (IQRI) a publié sur le site de « 24 heures » cette réplique (1) à une « Opinion » parue dans le même quotidien le 10 juin et signée Hani Ramadan, directeur du Centre islamique de Genève (2). Christian Bibollet rappelle que la formule « Allâhu Akbar » (Allah est plus grand) n’est pas que « dévotionnelle ». Elle est un slogan politique de l’islam politique et radical !

Il y a, à propos de l’expression « Allâhu Akbar », quelques vérités qu’il vaut la peine de rappeler. Le terme « Allah » dérive de la même racine sémitique qu’Elohim et El. Ainsi, la version arabe de la Bible désigne Dieu sous le terme d’Allah. D’autre part, musulmans, Juifs et chrétiens n’ont aucun doute sur le fait que la foi en Dieu rend les cultes idolâtres caducs et reconnaissent ensemble la grandeur de Dieu.

Pourquoi une association au terrorisme ?

Mais alors pourquoi, en Occident, l’expression « Allâhu Akbar » est-elle associée au terrorisme, à la violence, au fanatisme et à l’obscurantisme ? Est-ce dû, comme l’affirment certains (2), à un attachement dogmatique aux enseignements des Lumières, à notre analphabétisme religieux et à notre culture du non-sens ? Dans une certaine mesure, assurément. Mais est-ce la seule cause, et est-ce la plus importante ? L’idéologie islamiste n’en serait-elle pas la raison déterminante ?

Un but atteint par la guerre

Examinons quelques faits. Hassan al-Banna, « le Guide suprême » des Frères musulmans, a résumé son projet de société en un slogan bien connu : « Dieu est notre but, le Prophète est notre chef, le Coran est notre Constitution, la guerre dans le chemin d’Allah (jihad) est notre moyen, la mort au service de Dieu notre désir suprême ». Ces propos désignent bien Dieu comme but, mais ce but est atteint par la guerre qu’il a prescrite et pour laquelle les membres de la confrérie doivent se mobiliser et être prêts à mourir (en martyrs).

Cette manière agressive et violente de concevoir le « service de Dieu » est confirmée par les premiers mots de la sourate 8.60 figurant sur l’emblème des Frères musulmans, au-dessous de deux sabres croisés et d’un coran. Ce verset dit : « Et préparez (pour lutter) contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée afin d’effrayer (terroriser ou jeter l’effroi, littéralement) l’ennemi d’Allah et le vôtre ». Ce verset a été « révélé » à Mahomet pour rendre licite une des premières batailles menées par ses troupes contre les polythéistes. Il a utilisé le cri « Allâhu Akbar » pour signifier que la guerre était faite au nom d’Allah, comme le fait l’islam politique et guerrier de nos jours, un procédé contre lequel s’élève une majorité de musulmans laïcs.

Un cri de l’islam politique

Ce qu’il y a de remarquable, c’est qu’en Occident, les partisans de l’islam politique – tels les Frères musulmans, très bien implantés en Suisse – s’évertuent à mettre l’accent sur son caractère strictement dévotionnel. Mais en le faisant, ne tentent-ils pas de dissimuler une réalité embarrassante ? « Allâhu Akbar » est non seulement le cri de guerre de nombreux groupes terroristes inspirés par leur propre idéologie mais aussi celui de l’islam politique qui, en Occident, adopte une discrète approche d’infiltration culturelle afin de reprendre le contrôle sur la vie de nombreux musulmans qu’ils cherchent à rallier à leur cause. Il y a donc quelques bonnes raisons pour lesquelles « Allâhu Akbar » résonne très mal à nos oreilles.

Christian Bibollet
 
 
Notes
2 Lire la prise de position de Hani Ramadan, directeur du Centre islamique de Genève, sur le site de « 24 heures » : « Quelques précisions sur l’expression Allâhu Akbar (Dieu est plus Grand) ! ».

Opinion - avertissement

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