La Commission théologique du Réseau évangélique suisse (RES) vient de sortir : « Réflexion sur l’évolution des rapports entre Eglises et Etats cantonaux ». Ce document de 8 pages fait le point sur les démarches de reconnaissance par l’Etat des évangéliques des cantons de Vaud et Neuchâtel. En 4 chapitres, on parcourt une introduction, les arguments des « pour », ceux des « contre », les recommandations du RES, puis enfin une conclusion.
Attention à la portée symbolique d’un non
Dans ses recommandations, la Commission théologique alerte principalement sur la « portée symbolique » d’une non-participation à une telle démarche. « Les inconvénients à ne pas participer ne doivent pas être sous-estimés, constate le document. Il y a un risque de retomber dans une image de ghetto » pour les évangéliques qui s’abstiendraient d’une demande de reconnaissance. Par ailleurs, les avantages concrets ne paraissent pas décisifs aux auteurs du document. La participation aux aumôneries se fait déjà dans plusieurs endroits sans reconnaissance, tout comme le dialogue interreligieux.
Dans la seconde partie de ses recommandations, le document du RES alerte sur trois « lignes à ne pas franchir » sous peine de voir l’Eglise entravée dans son témoignage : la contrainte à accepter des femmes ou des homosexuels pratiquants aux postes à responsabilité sous prétexte de non-discrimination, des limitations à la liberté de parole, notamment en lien avec les origines du monde, et des conditions restrictives par rapport aux financements de certains ministères, notamment venus de l’étranger.
Pas un sujet de division !
Dans sa conclusion, ce document du RES souligne que l’entrée en matière ou non des Eglises dans un tel processus ne devrait pas entraîner de divisions entre évangéliques. Par ailleurs toutes les Eglises évangéliques, qu’elles entrent ou on dans une démarche de reconnaissance, devraient veiller à « exercer leur vigilance quant aux volontés de contrôle du religieux qui pourraient apparaître à l’avenir et, le cas échéant, se traduire en législation ».
Et la consultation des évangéliques par l’Etat ?
Très clair dans sa présentation des enjeux, ce document accorde toutefois peu de considérations, dans les arguments pour, au fait que l’Etat par la reconnaissance s’engage à consulter les évangéliques sur les questions qui les concernent. Peut-être que si les évangéliques vaudois avaient bénéficié d’un tel statut au moment de la mise sous toit de la loi concernant l’assistance au suicide dans les EMS, ils auraient pu préserver la liberté de conscience des directions évangéliques de ces derniers...
Pour faciliter l’accès à quelques pièces du débat, les auteurs auraient pu également signaler que lafree.info traite largement de la question sur son site depuis de nombreuses années et qu’un dossier riche de différentes pièces est à disposition gratuitement !
Serge Carrel
Découvrir le dossier de lafree.info sur la reconnaissance d'intérêt public dans le canton de Vaud.