La plateforme interreligieuse née le jour de l’indépendance vaudoise regroupe les trois communautés religieuses reconnues par la Constitution du canton, soit les réformés, la communauté israélite et les catholiques romains. S’y ajoutent les Anglicans et catholiques chrétiens qui sont engagés ensemble dans le processus de reconnaissance d’intérêt public. Puis les musulmans et les évangéliques, qui représentent chacun entre 4,5 et 5% de la population vaudoise selon des statistiques fédérales, et qui ont, eux aussi déposé leur dossier en vue d’être reconnus d’intérêt public. « On attend encore de leur part la déclaration liminaire signée », indique Eric Golaz, délégué aux affaires religieuses.
Espace institutionnel
Les six différents partenaires pratiquent déjà le dialogue interreligieux notamment à la Maison de l’Arzillier à Lausanne depuis une vingtaine d’années. Mais s’y réunissent des personnes « qui ne représentent qu’elles-mêmes », exprime Line Dépraz, conseillère synodale de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV). « Le nouvel espace créé est un lieu institutionnel, où l’on pourra parler du vivre-ensemble et des questions qui fâchent, en réfléchissant aussi à des discours communs en cas de stigmatisation d’une communauté par exemple », poursuit-elle. L’un des éléments déclencheurs de la démarche a d’ailleurs été la profanation du carré musulman à Lausanne en octobre 2017.
Parole commune
La réactivité commune quand une actualité appelle à une prise de position officielle et concertée de la part des différentes communautés est bien l’un des objectifs de la nouvelle plateforme. « On réfléchit d’ailleurs à un événement fort qui nous donnera une première visibilité le 16 mai prochain, à l’occasion de la Journée internationale du vivre-ensemble en paix initiée par le cheikh Khaled Bentounes », indique Olivier Cretegny de la FEV. Non sans ajouter que le partage vécu en amont de la création de cette plateforme a été très riche : « C’est à chaque fois l’occasion de mieux se connaître, car on fonctionne souvent chacun dans son monde. » Sandrine Ruiz, présidente de l’Union vaudoise des associations musulmanes (UVAM), lui fait écho en indiquant que les différents partenaires « ne se connaissent pas suffisamment ».
Les évangéliques bientôt partenaires de l’Etat
En ce qui concerne la reconnaissance d’intérêt public des évangéliques, certaines églises engagées dans le processus sont encore dans l’indécision. « Mais notre dossier est déposé et nous renverrons de toute façon notre déclaration en mars avec celles qui auront signé », déclare Olivier Cretegny.
D’autres communautés religieuses comme les adventistes et les orthodoxes ont d’ores et déjà exprimé leur intérêt à la démarche.
Gabrielle Desarzens