Ce recours émane du Réseau évangélique genevois ainsi que de trois particuliers, dont Michael Mutzner, membre de l’Action biblique de Meinier et Amin Ladimi, du Parti évangélique et membre de l’Eglise évangélique apostolique de Genève. Selon eux, cette loi viole la liberté religieuse et celle de manifester sa religion, des droits garantis par la Constitution fédérale et la Convention européenne des droits de l’homme.
Quid de la diversité religieuse ?
Dans leur collimateur, il y a d’abord le fait que, selon cette loi sur la laïcité, les fonctionnaires, mais aussi les élus de l’exécutif comme du législatif, devront « s’abstenir de signaler leur appartenance religieuse par des propos ou des signes extérieurs ». Or l’un des recourants travaille aux Transports publics genevois, porte une croix autour du cou qui le désigne tout de suite comme chrétien. Devra-t-il l’enlever ? Selon Michaël Mutzner, aussi responsable média du Réseau évangélique suisse, l’Etat doit au contraire se montrer souple et refléter la diversité religieuse de la population qu’il sert.
La deuxième chose qui pose problème aux recourants, c’est que toute manifestation cultuelle devra rester du domaine privé. Que faire donc des baptêmes que les évangéliques aiment célébrer dans le lac, par exemple, soit dans la sphère publique ? Interpelé sur cette question en direct mardi 12 juin sur RTS La Première, l’invité du 5h-6h30 Olivier Keshavjee, pasteur stagiaire chez les réformés, a répondu avoir vécu des baptêmes dans le lac comme de beaux moments et que ce serait dommage qu’ils ne puissent plus avoir lieu. Non sans ajouter avoir le sentiment d’assister en Suisse à une laïcité de fermeture et non d’ouverture.
Une loi à rectifier
Le mouvement Solidarités, la faîtière des syndicats genevois, des milieux musulmans et des féministes ont également réagi à cette loi par le lancement d’un référendum en cours de récoltes de signatures. Pour eux, l’Etat ne doit pas intervenir en matière religieuse. Et il s’agit aussi de défendre les femmes qui portent le voile, comme par exemple une élue communale de Meyrin. Selon les référendaires, cette loi surfe en effet sur une vague islamophobe.
A noter toutefois que ce référendum, dont le délai expire dans une semaine, n’est pas soutenu par les évangéliques qui trouvent que la loi sur la laïcité comporte tout de même de nombreuses avancées, notamment en ce qui concerne l’accès aux aumôneries, ce qui les intéresse directement. La loi pour eux est donc à rectifier, non à éliminer.
Gabrielle Desarzens