Si vous demandez à Emmanuel Schmid depuis quand il est converti, il vous répondra avec un brin d’humour : «Depuis ma naissance !» Dans l’Armée du salut, l’Eglise de ses parents, Emmanuel avait l’habitude de s’avancer lors de chaque appel à la conversion. Ce qui ne l’empêche pas de traverser une profonde crise à l’adolescence. A partir de 15 ans et demi, il vit et s’assume seul... Il entreprend un apprentissage de menuisier. Il garde quelques contacts avec l’Eglise. Mais sa vie, c’est les copains !
Ne plus jouer avec Dieu...
A 20 ans et demi, Emmanuel se marie avec Monique. «J’ai décidé de ne plus jouer avec Dieu, et de vivre sans les puissances qui me dominaient. J’étais fan de hard rock... et je me suis rendu compte que je n’étais pas libre. Alors j’ai décidé de rompre avec cela et de devenir esclave de Dieu !» se souvient Emmanuel. Depuis son enfance, il avait conscience que le Seigneur l’appelait à un ministère à plein temps. «Mais je refusais de devenir officier de l’Armée du salut !» reconnaît Emmanuel.
Après ce tournant dans sa vie, Emmanuel arrête ses études de trompettiste. Il part avec Monique dans une école de disciples de la Porte ouverte, à Chalon. Ils suivent deux années de formation avant de faire un stage de 6 mois dans le Jura. Bouillant pour le Seigneur ! Dans le feu de son enthousiasme, Emmanuel part comme missionnaire en Afrique. Il pensait y rester toute sa vie... Mais après quelques semaines, lorsque son épouse arrive sur place avec les enfants, Emmanuel l’accueille par ces mots : «On s’est trompés...» Six mois plus tard, c’est le douloureux retour en Suisse. Mais cet échec ne les arrêtera pas dans leur enthousiasme pour le Seigneur ! Emmanuel trouve un poste de directeur adjoint à la Résidence de l’Armée du salut à Lausanne. Durant trois ans, il s’occupe de ce lieu d’accueil à seuil bas, destiné aux personnes toxicomanes et alcooliques. Puis il retourne 3 ans dans le pastorat, à Fleurier… mais pas question de faire l’école militaire de l’Armée du salut !
De directeur, pasteur, entrepreneur, éducateur...
Pendant 5 ans, Emmanuel dirige ensuite le Service d’entraide et de liaison (SEL) en Suisse. En parallèle, il exerce un ministère pastoral aux Ponts-de-Martel. Ensuite, il crée sa propre entreprise : Vision Plus. Son but ? Implanter des Eglises, grâce à un travail auprès des enfants.
Ainsi, Emmanuel fonde ou soutient des écoles au Burkina-Faso et au Tchad. «Avec Vision Plus, j’ai voulu aider là où les autres ne vont pas. Mon but était de servir la cause des plus petits, par un engagement social qui démontre l’amour de Dieu. Ensuite, l’idée était d’implanter des Eglises.» L’entreprise ne permettant pas de faire vivre la famille, Emmanuel travaille 4 ans comme éducateur et maître socioprofessionnel au Foyer André, qui s’occupe de personnes toxicomanes à la Côte-aux-Fées.
... à coordinateur jeunesse
L’aumônier du Foyer André a vu l’annonce de la Commission jeunesse de la FREE (CJ), et l’a transmise à Emmanuel. «Et je l’ai mise à la poubelle, car je ne connaissais pas...», admet Emmanuel. Mais le Seigneur avait ses plans ! Et c’est à l’unanimité que la CJ a plébiscité son nouveau coordinateur jeunesse !
Ce qui passionne Emmanuel ? «L’œuvre de Dieu, pour les jeunes et moins jeunes ! Esaïe 61 est le centre de mon appel : proclamer la liberté à tous ceux qui sont sous l’esclavage, que ce soit dans leur corps, dans leur âme et dans leur esprit», raconte le coordinateur jeunesse.
Grand saut dans la FREE!
Emmanuel a sauté d’un coup dans la FREE, une Fédération qu’il ne connaissait pas du tout. Et il a eu plusieurs surprises positives… Dieu merci ! «J’ai découvert une grande ouverture et humilité, ainsi que la capacité de remise en question de la part du corps pastoral, se réjouit Emmanuel. J’apprécie aussi la richesse des individualités, qui fait que la «base» se mobilise. Mais la force de l’identité congrégationaliste a aussi ses faiblesses : il faut convaincre chaque individualité, car il manque une autorité externe à l’Eglise locale.» Le cheminement est long jusqu’à ce qu’on fédère et mobilise chacun !
Cette année, Emmanuel l’a surtout consacrée aux contacts. Il encourage et forme les animateurs
Régionaux, ainsi que les responsables de groupes de jeunes qui le demandent. Son rêve ? Que toutes les Eglises de la FREE bénéficient d’un animateur jeunesse régional qui soit au service de la Suisse romande. Cela correspondrait à 10-12 plein temps...
Le coordinateur jeunesse regrette quelques visions trop étroites. «On a de la difficulté à voir au niveau romand, à avoir une vision plus large que l’Eglise locale, déplore Emmanuel. La Fédération, ce n’est pas d’additionner des forces, mais de les mettre en synergie. Ainsi, on peut libérer des ministères dans les Eglises locales, pour en faire bénéficier toute la Romandie. Il n’y a pas d’opposition entre un service local, régional ou même international !»
«Booster» les jeunes...
Le message pour les jeunes est simple, mais profond : «Bouge-toi pour Jésus, choisis qui tu veux servir, travaille pour Dieu... bref, sois consacré !» s’enthousiasme Emmanuel. Ainsi, le dernier dépliant des activités de la CJ s’appelle « En marche ! ». Et les activités proposées concernent aussi bien les ados que les jeunes et jeunes adultes.
«J’ai envie de donner le moyen aux jeunes de vivre leur consécration missionnaire, sociale, humanitaire. Car on est là pour les perdus ! C’est important de motiver les jeunes et moins jeunes à aller vers les gens de la rue... Je ne renie pas du tout mes origines salutistes : on est sauvés pour servir ! Tel était l’état d’esprit de William Booth, le fondateur de l’Armée du salut», explique Emmanuel.
Pourquoi la consécration ? «Parce que cela en vaut la peine ! s’exclame Emmanuel. Le manque de sécurité d’emploi ne change pas Dieu ! Dieu est fidèle, il n’a pas changé : il appelle toujours autant. S’il y a moins de jeunes qui se lèvent pour la mission, c’est qu’ils ne répondent pas... Il s’agit de prendre des risques. Qui va relever les défis de Dieu aujourd’hui?»
... et les aînés !
Emmanuel n’hésite pas non plus à interpeller les aînés : «Osons accepter de nouveaux modèles d’Eglises, osons changer de modèles !» Le nouveau coordinateur jeunesse a très à cœur de travailler avec les conseils d’anciens, pour oser réfléchir ensemble à de nouveaux modèles. «Cela fait souffrir les aînés, de mourir à leur culture... reconnaît Emmanuel. Mais il est capital de développer une vision d’Eglise qui corresponde à la société d’aujourd’hui ! C’est un don de soi, de la part des aînés, de payer et de libérer des ministères.» Avec cette image forte, Emmanuel conclut : «Soyons des trampolines, pour libérer les jeunes... plutôt que des bouchons !»