« J’aimerais encourager les jeunes à s’engager en politique. Dans le parti qui leur convient ! » Jacques Chollet est député au Grand Conseil vaudois. Cet arboriculteur et viticulteur d’Echichens terminera au printemps prochain un mandat de 9 ans au Parlement vaudois sous les couleurs de l’UDC. Un mandat actif et surprenant !
Encourager la relève
La relève dans son parti semble assurée. Son beau-fils, Philippe Jobin, a déjà repris le flambeau. Mais Jacques Chollet aimerait une relève plus large. « Il faudrait davantage de chrétiens évangéliques dans tous les partis politiques. Assumer un mandat au plan cantonal, explique-t-il, c’est une manière intéressante de servir son prochain, avec un bras de levier important. C’est une occasion unique de promouvoir des valeurs que l’on estime bonnes. »
Et Jacques Chollet ne s’en est pas privé. Au sein de son groupe parlementaire, il est l’un de ceux qui s’expriment le plus à la tribune. A son bilan, 23 interventions sous forme de motions, de postulats, d’interpellations, de résolutions ou de questions orales. Une série d’interventions qui témoignent non pas de la défense d’intérêts sectoriels, mais d’un souci du bien commun. En 2000 une motion autour du feu bactérien. En tant qu’arboriculteur, ça le concerne de près ! Puis un postulat autour d’un salaire parental qui permettrait à une femme de gagner l’équivalent d’un salaire de maman de jour pour la garde de son enfant à la maison, durant les deux premières années. On sent la fibre du soutien à la famille pointer le bout de son nez !
A son actif également, une intervention pour davantage de gardiens de prison dans un contexte de surpopulation carcérale. Le député fait partie du conseil de surveillance des prisons. Une prise de position aussi pour que le canton de Vaud contribue davantage à l’aide au développement. Aux antipodes des récentes prises de position tonitruantes de son parti au plan national ! Une interpellation sur l’enseignement de l’histoire biblique dans l’école vaudoise. Jacques Chollet est évangélique et il tient à un minimum de culture biblique et religieuse à l’école. Un autre postulat pour lutter contre le surendettement des personnes fragilisées. Une prise de position qui laisse transparaître une sensibilité sociale...
Chrétien avant tout !
En fait, au cours de ces 9 ans au Grand Conseil, l’homme s’est révélé inclassable. En tout cas à mille lieues du profil politique du député UDC type. Jacques Chollet l’admet volontiers : « Je suis un accident politique par rapport à mon parti ! » Sa liberté de ton et son franc-parler ont dérangé certains au sein des partis de droite et ravi parfois les députés des partis de gauche. Mais également l’inverse ! Cette liberté de parole, jamais censurée par son parti, lui a surtout permis de se profiler en tant que chrétien évangélique au sein du Parlement vaudois. « Ma vision du monde nourrie par la foi chrétienne a bénéficié, estime-t-il, d’une oreille attentive de la part de mes collègues députés. »
Notre arboriculteur-viticulteur s’est mouillé pour ses convictions. Il cite même la Bible du haut de la tribune. Dans le débat autour d’une motion de Joseph Zisyadis à propos de l’impôt sur les successions et les donations, il lâche : « Ne sois pas juste à l’excès... » (Eccl 7,16). Cette citation lui vaut une remarque d’un collègue député : « Tu devrais moins lire ta Bible, Jacques ! » L’homme n’en a cure, la motion est rejetée. En fait, il veut être témoin du Christ en politique. Par la mise en action de valeurs inspirées du Christ, tout en affichant une culture biblique et un enracinement chrétien clair dans ses propos publics.
Un monde politique ouvert aux questions spirituelles
« J’ai eu plus de satisfactions à vivre mon témoignage chrétien dans le monde politique que dans l’Eglise », affirme-t-il, provocateur. C’est que les retours sur ses prises de position ont été nombreux, souvent positifs, parfois très critiques. Lorsqu’on affiche une identité claire dans l’espace public, les gens vous repèrent et n’hésitent pas à vous interpeller. Dans le contact personnel, les questions spirituelles se discutent alors avec beaucoup d’ouverture, bien au-delà des clivages partisans. Pour Jacques Chollet, « c’est même devenu plus facile de confronter les points de vue dans le monde politique. La transparence y est souvent plus importante que dans l’Eglise ! »
Jacques Chollet raccrochera donc au printemps prochain. L’occasion pour lui de poursuivre à 61 ans sa tâche de président de Praz-Soleil et de Béthel, les EMS des AESR, et de continuer à cultiver ses 7 hectares de vigne sur la Côte vaudoise. Il tient également à être plus disponible pour ses huit petits-enfants.
Serge Carrel