Rachel Lampert, enfant de missionnaire. Elle découvre l’Afrique et les valeurs de l’engagement

vendredi 15 juin 2007
Rachel Lampert découvre l’Afrique à l’âge de 3 ans. Ses parents y ont travaillé en coordination avec l’ONG Food for the Hungry et la Mission évangélique au Tchad. Elle a gardé de cette expérience le goût de la découverte de l’autre et du monde. Aujourd’hui étudiante HES en psychomotricité, Rachel Lampert espère pouvoir encore voyager et, pourquoi pas, vivre l’aventure avec sa future petite famille. Rencontre avec une jeune fille qui a grandi dans la foi et l’engagement.

 

 

LaFree : Vous êtes partie en Afrique avec vos parents alors que vous étiez toute petite. Comment avez-vous vécu cette réalité en tant qu’enfant ?
Rachel Lampert : Très bien. J’avais 3 ans lorsque nous sommes partis et je n’ai pas réalisé tout de suite que je changeais de pays et de mode vie. Nous ne vivions pas dans une capitale, et j’ai passé mon enfance à jouer dehors avec les autres enfants, ce qui m’a permis d’apprendre l’arabe.

L.F. Que vous en reste-t-il aujourd’hui ?
R.L. Beaucoup de souvenirs positifs, une envie de voyager et de découvrir des gens qui sont différents de moi. Et un autre regard sur mon mode de vie ici, en miroir avec la misère.

L.F. Enfant, ressentiez-vous cette misère ?
R.L. Un peu, j’avais une maison avec un toit et des murs, d’autres une simple case et pas autant à manger. J’allais à l’école en voiture et mes camarades africains devaient marcher pendant une ou deux heures. J’ai compris ce que cela voulait dire le jour où je l’ai fait!

L.F. Etiez-vous considérée comme une étrangère ?
R.L. Je n’ai pas senti de différence. En Afrique, blanc signifie la richesse, l’Europe, mais je n’ai pas vécu de racisme.

L.F. Comment percevez-vous l’engagement de vos parents?
R.L. Mes parents vont au bout de leur valeur et mettent en actes ce qu’ils pensent et ce à quoi ils croient. Pour moi c’est la même chose, aller au bout de ce que je crois, garder l’enthousiasme dans ce que je fais et ne pas me décourager, surtout ne pas faire des choses par acquis de conscience.

L.F. Pourquoi êtes-vous repartie en Afrique?
R.L. Après mon bac, j’avais envie de faire une année sabbatique et j’hésitais entre voyage et humanitaire. En fait, je n’avais pas envie d’être juste une touriste. J’ai eu l’occasion de travailler et de loger dans des familles africaines à Kinshasa, au Congo. Le fait de pouvoir m’immerger dans la culture d’un pays plutôt que de rester dans un hôtel m’a beaucoup intéressée. C’est une forme d’implication à un autre degré.

L.F. Vous êtes partie «sur appel» ?
R.L. Je ne dirais pas que c’était un appel. J’avais ce désir, mais Dieu a ouvert les portes. Si mes désirs sont justes, je crois que Dieu ouvre les portes. J’ai remis cela dans la prière et j’ai considéré que c’était le bon moment. Mais je n’ai pas eu un message écrit sur un mur!

L.F. Qu’est-ce que cette expérience vous a apporté ?
R.L. Cela m’a donné un autre regard sur l’Afrique que celui que j’avais quand j’étais petite et où je ne voyais que les bons côtés. J’avais généralisé ce que j’avais vécu, et j’ai réalisé que le Congo a une culture différente de celle du Tchad, qui est musulman et aride. Le Congo est tropical, animiste ou chrétien, et cela influence beaucoup la mentalité. J’ai pris conscience que l’Afrique est multiple.
J’ai aussi été confrontée à la misère et, paradoxalement, cette expérience m’a ouvert l’esprit sur la problématique des difficultés sociales en Suisse, les personnes âgées, les étrangers, l’isolement.

L.F. La misère en Suisse est tout de même plus douce ?
R.L. En Afrique, je m’y attendais. Ce qui me choque en Suisse, c’est de voir des gens qui sont dans la rue, alors que dans notre politique, on dit autre chose.
La misère en Suisse se situe au niveau de l’isolement social. En Afrique, personne n’est seul, il y a toujours quelqu’un de la famille pour s’occuper des plus démunis. Ce n’est pas le cas chez nous.

L.F. Seriez-vous croyante si vous parents ne l’étaient pas ?
R.L. C’est une bonne question (rires). Je ne sais pas. J’aime bien réfléchir. J’ai eu de nombreuses remises en question, mais les valeurs du christianisme ont toujours été une évidence pour moi. Je pense qu’en ayant des parents chrétiens, j’ai eu la chance d’y avoir accès.

L.F. Que signifie pour vous la foi aujourd’hui ?
R.L. Croire que Dieu existe, croire à ce que je ne vois pas. Accepter de ne pas tout comprendre et tout savoir tout le temps.

L.F. Comment la foi est-elle perçue par les jeunes dans votre école ?
R.L. Dans l’ensemble, je dirais que la plupart des gens sont très ouverts.

L.F. La foi est-elle une préoccupation chez les jeunes ?
R.L. Je pense que oui. Mais davantage pour ceux qui ont vécu dans une famille croyante, et qui ont été une fois dans une paroisse ou dans une église, qui sont en recherche.

L.F. Pensez-vous que le fait d’être chrétien fasse un peu «ringard» ?
R.L. Dans mes préjugés, oui, j’ai l’impression. Mais lorsque je parle de ma foi, je ne ressens aucune moquerie, c’est généralement très bien accepté. En fait, la plupart des gens dans ma classe ne perçoivent pas cela comme «ringard», c’est plutôt moi qui hésite à en parler parce que j’ai cette crainte.

L.F. Vous êtes étudiante en psychomotricité à Genève, qu’est-ce qui vous a poussée à choisir ce métier ?
R.L. L’aspect thérapeutique dans la santé et le côté artistique, c’est un métier qui mélange bien les deux. J’aime aussi l’idée des outils artistiques pour travailler la relation.

L.F. Vos projets par rapport à ce métier ?
R.L. J’ai beaucoup de projets. J’aime l’aspect thérapeutique de ce métier, plutôt que le côté préventif et j’aimerais éventuellement travailler avec des enfants qui présentent des troubles du comportement. Mais à vrai dire, je ne sais pas encore. Je prépare un projet de mémoire sur la psychomotricité en entreprise que j’espère mettre en place, si je finis mes études !

L.F. Songez-vous à repartir en Afrique ?
R.L. Je vais me marier cet été, donc nous verrons avec mon conjoint. Pourquoi ne pas partir un an et pourquoi pas aussi changer de continent.

L.F. Toujours dans l’humanitaire ?
R.L. Cela me tente oui, mais pas forcément.

L.F. Vous pensez avoir des enfants, leur faire vivre la même expérience à l’étranger ?
R.L. Cela me plairait bien, mais on verra. Il est vrai que j’ai vécu une expérience inoubliable avec mes parents en Afrique, et cela m’a apporté énormément. Si j’en ai l’occasion, j’aimerais bien pouvoir le vivre avec ma propre famille.

Pour la FREE, Magaly Mavilia/Alliance Presse

Publicité
  • Surmonter les abus au fil d’un conte

    Surmonter les abus au fil d’un conte

    Il était une fois… une enfant abusée, dont les larmes sont recueillies par une grenouille qui l’accompagne jusqu’au Roi d’un royaume fabuleux. Dans cette histoire, la psychologue Priscille Hunziker parle de la prise en compte de la souffrance. « Le voyage que fait la petite Emmy, c’est la métaphore d’un accompagnement psycho-spirituel », dit-elle mercredi 6 avril. Rencontre.

    jeudi 07 avril 2022
  • Noël, ou devenir des sauveurs sur les pas de Jésus

    Noël, ou devenir des sauveurs sur les pas de Jésus

    Au Liban, les habitants vivent l’intensité de la vie face à l’intensité de la mort, selon les mots du théologien et prêtre maronite Fadi Daou rencontré à Genève. Il invite notamment ses concitoyens à devenir des sauveurs… sur les pas de Jésus.

    mardi 21 décembre 2021
  • Noël, ou sortir de nos jugements

    Noël, ou sortir de nos jugements

    Thierry Lenoir est aumônier à 100% à la clinique de La Lignière à Gland. Cet ancien pasteur adventiste parle de l’esprit de Noël en termes de jugements moraux, sociaux et religieux à mettre de côté. Une réflexion qu’il partage dans l’émission Hautes Fréquences diffusée dimanche 19 décembre à 19 heures sur RTS La Première.

    mercredi 15 décembre 2021
  • « Votre couple a 2, 10, 30 ans au compteur ? Prenez-en soin ! »

    « Votre couple a 2, 10, 30 ans au compteur ? Prenez-en soin ! »

    On investit dans nos carrières professionnelles, dans nos maisons… mais pas assez dans notre couple. C’est le constat que dressent Marc et Christine Gallay, le couple pastoral de l’église évangélique (FREE) de Lonay. Qui pratique avec bonheur une méthode dite « Imago », qui met la cellule de base créée par Dieu à l’honneur. Rencontre.

    lundi 01 novembre 2021
  • Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Pour les Terraz et les Félix, des choix porteurs de vie

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

    vendredi 22 septembre 2023
  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

    jeudi 15 juin 2023
  • « Auras-tu été toi ? »

    « Auras-tu été toi ? »

    Elle puise dans le judaïsme de quoi nourrir sa foi chrétienne. La théologienne et pasteure Francine Carrillo écoute, calligraphie et fait parler les lettres hébraïques qui, selon elle et avec toute la tradition juive, sont porteuses de sens et d’espérance. Rencontre.

    lundi 20 juin 2022
  • Anaël Bussy, ébéniste, fabrique du matériel pour le culte

    Anaël Bussy, ébéniste, fabrique du matériel pour le culte

    Anaël Bussy vient de démarrer comme ébéniste indépendant à Chevilly, près de La Sarraz. Parmi ses premières réalisations, des plateaux en bois, destinés à la distribution de la Sainte-Cène.

    vendredi 20 mai 2022

eglisesfree.ch

LAFREE.INFO

  • Morges: Beausobre accueillera le groupe Héritage pour un Concert de Noël (et Vevey aussi)

    Ven 22 novembre 2024

    A la veille de Noël, vous avez envie de réentendre les beaux classiques de Noël? Ou vous souhaitez faire découvrir le message de la nativité à vos proches, au travers d'un concert de qualité? Alors il est temps de prendre votre billet pour le concert du groupe canadien Héritage, qui aura lieu le 20 décembre à Morges et le 22 décembre à Vevey.

  • One'24: 3200 participants équipés pour être des influenceurs en restant authentiques

    Ven 22 novembre 2024

    La 8ème édition de One’ a attiré 3200 visiteurs samedi 16 novembre à l'Espace Gruyère, à Bulle. Un événement organisé grâce à la collaboration de plusieurs Églises et œuvres chrétiennes en Suisse romande. Le thème de cette journée : influencé/influenceur, dans un monde en quête de repères.

  • Un calendrier de l’Avent pour les enfants

    Ven 22 novembre 2024

    Durant le mois de décembre, la Ligue pour la lecture de la Bible propose un calendrier de l’Avent (https://calendrier.ligue.ch) destiné aux enfants de 7 à 12 ans, mais qu’il est possible de découvrir en famille.

  • De belles initiatives en faveur des migrants

    Ven 15 novembre 2024

    Dans les Églises évangéliques FREE d’Échallens, Bienne et Crissier, la présence de migrants a été vue comme une occasion, donnée par Dieu, de manifester son amour. L’entraide a pris des formes différentes, en fonction des situations locales. Ce sont trois exemples parmi beaucoup d’autres, parmi les communautés membres de la FREE. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Églises évangéliques.]

Instagram

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !