La Mésopotamie comprend l’Irak, mais aussi la Syrie, la Turquie orientale ou encore le nord-ouest de l’Iran. Le site mesopotamia.org qui ouvre officiellement dans la soirée de mercredi 4 avril se concentre dans un premier temps sur l’Irak, « où l’urgence de la sauvegarde patrimoniale est évidente », souligne Pascal Maguesyan, qui travaille sur ce projet depuis un an. L’objectif de la démarche est de préserver la mémoire des communautés chrétiennes. Une centaine de notices – avec iconographies, références historiques, vidéo-reportages... – racontent la naissance, puis le développement du christianisme, avec ses premières communautés, ses premiers monastères. « C’est un patrimoine fondamental pour les Irakiens et la diaspora irakienne, mais aussi pour l’humanité dans son ensemble. On ne peut faire table rase d’une mémoire aussi importante, fondatrice pour nos pays occidentaux », commente Pascal Maguesyan. Le matériel proposé sur ce site rappelle en effet que le Père des trois grandes religions monothéistes, Abraham, est né à Ur, en Chaldée, dans le sud du pays.
Interactivité
L’utilisation du numérique permet un large partage par-delà les frontières. Ce site se veut en outre interactif : à la diaspora, où qu’elle se trouve, de compléter par des photographies et témoignages l’inventaire proposé. A noter à ce propos que 70 à 80% des chrétiens irakiens vivent aujourd’hui hors de leur pays. Le groupe Etat islamique a en effet voulu effacer la mémoire chrétienne et les a poussés à l’exil, en détruisant au passage plusieurs églises notamment. Mais Al-Qaïda avait précédemment beaucoup détruit également au niveau patrimonial en Irak, ainsi que Saddam Hussein dès les années 70 et 80. « Saddam Hussein a détruit plus de 3000 villages dans les montagnes dites kurdes, rappelle Pascal Maguesyan, dont de très anciens villages chrétiens et même l’origine, le terroir originel de l’Eglise assyrienne, de l’Eglise perse. »
Des communautés persécutées
« Entre Tigre et Euphrate, berceau de nos humanités, les Chrétiens d’Irak – assyriens, chaldéens, syriaques, arméniens – et les Yézidis ont contribué à façonner l’identité de cette terre et la citoyenneté irakienne », peut-on lire sur le nouveau site de l’association Mesopotamia. Ces communautés qui ont été persécutées ces dernières années à Mossoul, à Sinjar et dans la plaine de Ninive résistent aujourd’hui pour survivre. C’est dans ce contexte qu’est né le projet.
Le lancement du site internet a lieu à l’Université catholique de Lyon en présence notamment de l’écrivain Erik Orsenna, de l’Académie française. La soirée est placée sous le haut-patronage du patriarche de Babylone des Chaldéens, Louis Raphaël 1er Sako.
Gabrielle Desarzens