Danser les lettres hébraïques comme une prière

lundi 16 novembre 2020

Gestuelle méditative basée sur les lettres hébraïques, la Téhima est enseignée à Renens (VD). Dans cette discipline chorégraphique, le corps se meut telle la plume d’un calligraphe. « Et l’on se trouve à la source du Verbe », explique Marc-Alain Ouaknin, philosophe, écrivain et rabbin français, dimanche 15 novembre, au micro de Gabrielle Desarzens dans l’émission Hautes Fréquences.

 

Le cours commence par une mise en mouvement très lente. Puis Luigina Lamacchia parle de la lettre « Hé » correspondant au E de notre alphabet latin. « Le « Hé » symbolise le souffle, dit-elle. Le souffle qui est une prière. Non pas la prière tête basse, nuque courbée ; non pas la prière les yeux au ciel qui attend tout du Très haut, non : l’homme en prière du pictogramme est debout, en marche, les pieds solidement ancrés sur la terre, les mains hautes comme des antennes, et le visage fixant l’horizon. » Et l’enseignante de Téhima de montrer les gestes à faire pour « dire » cette lettre au moyen du corps. Ce mardi matin, cinq personnes suivent le cours donné à Renens.

Simple et profond

Pour Marc, pasteur dans le Gros-de-Vaud, c’est un contact avec son corps et avec sa vie spirituelle qui est vécu pendant ces séances : « Je me sens dynamisé, harmonisé », exprime-t-il. « Ce matin, j’avais un petit temps de prière, et j’ai pu me reconnecter à cette prière en lui donnant plus d’ampleur ». Autre participante, Françoise, elle, parle d’une période où elle ne savait plus très bien quoi faire de sa vie : « Et là, je me sens revivre », déclare-t-elle. « Il y a 22 lettres, explique de son côté Fabienne. Moi, je sors dans la nature et je les déroule pendant une vingtaine de minutes : c’est à la fois simple et très profond. »

Danser les psaumes

« Une fois qu’on a incorporé les 22 chorégraphies, on va pouvoir calligraphier dans l’espace des mots, des textes », indique Luigina Lamacchia, qui aime par exemple prendre des psaumes et danser sur le texte : c’est comme s’il sortait alors des pages. Le vivre par le mouvement est une magnifique sensation », confie-t-elle. « La Téhima telle que je la comprends prend chaque lettre comme moyen de penser une nouvelle relation entre moi et le monde, estime pour sa part Marc-Alain Ouaknin, philosophe, écrivain et rabbin français. Et la personne danse ces lettres pour ne pas être enfermée dans quelque chose qui serait de l’ordre d’une vérité définitive, soit dans une idéologie. »

Une démarche d’ouverture

La discipline a été créée par le couple français Tina Bosi, chorégraphe et thérapeute, et Frank Lalou, calligraphe de réputation internationale. Est-elle thérapeutique ? Pour Marc-Alain Ouaknin, la guérison vient du fait que l’on s’ouvre à une autre culture. Cela dit, les lettres hébraïques ont toute leur propre symbolique. « Et danser les lettres est une tradition mystique remise à l’honneur par le hassidisme », souligne le rabbin. En effet, ce courant parle par exemple de taper dans les mains pendant la prière comme une façon d’écrire, puisque les phalanges correspondent chacune à une lettre. « Quand on sait que celles-ci correspondent également à chaque partie du corps, on comprend que quand on se met en mouvement, on écrit sa vie, signale Marc-Alain Ouaknin. Le fondement de la Téhima s’enracine dans cette pratique hassidique. On est à la source du Verbe. Et il y a là une épaisseur spirituelle qui nous empêche de tomber dans le piège de l’idéologie ,mais aussi du New Age. »

Gabrielle Desarzens

Une émission à écouter

www.centredetehima.ch 

Publicité
  • Surmonter les abus au fil d’un conte

    Surmonter les abus au fil d’un conte

    Il était une fois… une enfant abusée, dont les larmes sont recueillies par une grenouille qui l’accompagne jusqu’au Roi d’un royaume fabuleux. Dans cette histoire, la psychologue Priscille Hunziker parle de la prise en compte de la souffrance. « Le voyage que fait la petite Emmy, c’est la métaphore d’un accompagnement psycho-spirituel », dit-elle mercredi 6 avril. Rencontre.

    jeudi 07 avril 2022
  • Noël, ou devenir des sauveurs sur les pas de Jésus

    Noël, ou devenir des sauveurs sur les pas de Jésus

    Au Liban, les habitants vivent l’intensité de la vie face à l’intensité de la mort, selon les mots du théologien et prêtre maronite Fadi Daou rencontré à Genève. Il invite notamment ses concitoyens à devenir des sauveurs… sur les pas de Jésus.

    mardi 21 décembre 2021
  • Noël, ou sortir de nos jugements

    Noël, ou sortir de nos jugements

    Thierry Lenoir est aumônier à 100% à la clinique de La Lignière à Gland. Cet ancien pasteur adventiste parle de l’esprit de Noël en termes de jugements moraux, sociaux et religieux à mettre de côté. Une réflexion qu’il partage dans l’émission Hautes Fréquences diffusée dimanche 19 décembre à 19 heures sur RTS La Première.

    mercredi 15 décembre 2021
  • « Votre couple a 2, 10, 30 ans au compteur ? Prenez-en soin ! »

    « Votre couple a 2, 10, 30 ans au compteur ? Prenez-en soin ! »

    On investit dans nos carrières professionnelles, dans nos maisons… mais pas assez dans notre couple. C’est le constat que dressent Marc et Christine Gallay, le couple pastoral de l’église évangélique (FREE) de Lonay. Qui pratique avec bonheur une méthode dite « Imago », qui met la cellule de base créée par Dieu à l’honneur. Rencontre.

    lundi 01 novembre 2021
  • « J’ai été un bébé volé du Sri Lanka »

    « J’ai été un bébé volé du Sri Lanka »

    Il y a quelques années, un trafic d’enfants proposés à l’adoption à des couples suisses secouait l’actualité. Sélina Imhoff, 38 ans, pasteure dans l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin, en a été victime. Elle témoigne avoir appris à accepter et à avancer, avec ses fissures, par la foi. Et se sentir proche du Christ né, comme elle, dans des conditions indignes. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

  • Des choix porteurs de vie

    Des choix porteurs de vie

    Abandonner la voiture et emménager dans une coopérative d’habitation ?... Deux couples de l’Eglise évangélique (FREE) de Meyrin ont fait ces choix qu’ils estiment porteurs de vie. « Le rythme plus lent du vélo a vraiment du sens pour moi », témoigne Thiéry Terraz, qui travaille pour l’antenne genevoise de Jeunesse en mission. « Je trouve dans le partage avec mes voisins ce que je veux vivre dans ma foi », lui fait écho Lorraine Félix, enseignante. Rencontres croisées. [Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

    vendredi 22 septembre 2023
  • Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Vivian, une flamme d’espoir à Arusha

    Vivian symbolise l’espoir pour tous ceux que la vie malmène. Aujourd’hui, cette trentenaire tanzanienne collabore comme assistante de direction au siège de Compassion à Arusha, en Tanzanie. Mais son parcours de vie avait bien mal débuté… Nous avons rencontré Vivian au bureau suisse de l’ONG à Yverdon, lors de sa visite en mars dernier. Témoignage.

    jeudi 15 juin 2023
  • « Auras-tu été toi ? »

    « Auras-tu été toi ? »

    Elle puise dans le judaïsme de quoi nourrir sa foi chrétienne. La théologienne et pasteure Francine Carrillo écoute, calligraphie et fait parler les lettres hébraïques qui, selon elle et avec toute la tradition juive, sont porteuses de sens et d’espérance. Rencontre.

    lundi 20 juin 2022

eglisesfree.ch

LAFREE.INFO

  • Cours Just People : les Objectifs de développement durable en question

    Ven 26 avril 2024

    La troisième rencontre du cours « Just People » a été consacrée aux Objectifs de développement durable (ODD) et à l’Agenda 2030. Benjamin Gasse, directeur de l’association humanitaire Morija, nous explique pourquoi l’Agenda 2030 ne sera pas tenu. Il met également en évidence les atouts des chrétiens pour participer à l’avancement des ODD.

  • Antisémitisme : les Eglises invitées à signer une lettre en soutien aux communautés israélites

    Ven 26 avril 2024

    En amont de la Journée de commémoration de la Shoah (le 6 mai), et face à la montée décomplexée de l'antisémitisme, les Eglises sont invitées à montrer leur solidarité et soutien aux communautés israélites. Cette action est proposée par David Bouillon, professeur à la HET-PRO et l'un des responsables du ministère Guesher, de la Montagne de Prière à Saint-Loup.

  • Le « Quart d’heure pour l’essentiel » centré sur les Jeux Olympiques 2024

    Ven 26 avril 2024

    Une nouvelle édition du « Quart d’heure pour l’essentiel » sera diffusée à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris. Pour témoigner de Jésus à votre voisinage ou localité, il est possible de soutenir la distribution du tout-ménage en Suisse romande.

  • Plateforme Dignity : restaurer des victimes d’abus sexuels

    Ven 19 avril 2024

    Créée il y a quelques mois, l’association Dignity a pour mission d’aider des personnes victimes de violences sexuelles. Elle leur propose un accompagnement vers une restauration... avec l’aide de Dieu pour les personnes qui le désirent.[Cet article a d'abord été publié dans Vivre (www.vivre.ch), le journal de la Fédération romande d'Eglises évangéliques.]

Instagram

Suivez-nous sur les réseaux sociaux !