J’étais un enfant très très vif et dissipé. Je ne parvenais pas à rester sans bouger, et il m’était très difficile de me concentrer. L’apprentissage par cœur était d’une difficulté extrême, car j’avais sans cesse le cerveau en ébullition.
Sur le plan physique, j’avais souvent des soucis, dus à l’impulsivité et l’hyperactivité. J’ai le souvenir d’un bras cassé avec déplacement pour lequel j’ai eu droit à une seconde narcose après 2 semaines, car j’avais fracassé le plâtre en faisant le fou et tout avait bougé. Je tombais très souvent, et j’ai dû apprendre à rire de mes maladresses. C’était obligatoire, car les autres ne se gênaient pas.
Ensuite, le mariage, les enfants (encore plus turbulents que moi). En 2001, notre fils aîné a reçu (à 3 ans 1/2 !) un diagnostic de TDAH (Trouble du Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité). En entendant le médecin, j’ai immédiatement fait le lien avec moi et compris pourquoi ma vie était si compliquée et pourquoi je devais sans cesse faire des efforts pour être « normal » aux yeux des autres. Un des points qui m’a touché le plus est le manque de proprioception (en gros, la perception du corps) qui a été mis en évidence et qui va souvent de pair avec le TDAH : en d’autres termes, si j’avais tout le temps besoin de bouger, c’était pour sentir mon corps et ses limites, même si c’était douloureux physiquement. La douleur était aussi morale, en voyant le regard des autres. Mais avec le temps, j’avais appris à vivre avec.
Diagnostic et médication
Après un grave accident de vélo, je n’ai soudain plus été capable de gérer tout cela. Heureusement, après quelques tests pour confirmer mon propre diagnostic, j’ai eu accès à une médication qui me permettait enfin de vivre plus calmement. J’avais enfin une certaine conscience de mon corps, et je pouvais mieux me concentrer. Mais lorsque j’oubliais de prendre un comprimé, mon entourage le remarquait tout de suite, et je ne pouvais plus me concentrer.
Un petit exemple pour illustrer les problèmes de concentration : l’incapacité de filtrer les informations. En effet, j’entendais, sans pouvoir filtrer, toutes les discussions de la zone dans laquelle je me trouvais. Avec la tendance à intervenir dans toutes les discussions, mais sans pouvoir en suivre une correctement. Au travail, cela se manifestait par une difficulté de concentration extrême, car j’entendais et je voyais sans pouvoir filtrer tout ce qui se passait autour de moi.
Double guérison
Le 14 octobre 2016, j’ai commencé une formation à l’Institut de guérison de l’AIMG (Association internationale des ministères de guérison) avec mon épouse. Ce jour-là, lors du premier moment de louange de la matinée, quelqu’un a eu une parole de connaissance et a demandé aux personnes qui avaient un déficit d’attention de lever la main. J’ai fait le geste… et ma vie a changé. En effet, je n’ai jamais été aussi concentré que ce jour-là. Et depuis, je n’ai plus pris de médicament (cela fait donc plus de 5 mois). Nous avions déjà prié plusieurs fois depuis des années, mais ce jour-là a été celui où Dieu, par pure grâce, a choisi de me libérer du TDAH. Depuis, j’ai vécu une autre guérison qui m’a permis d’arrêter les antidépresseurs que je prenais depuis un gros burnout en 2008.
Ces guérisons sont fantastiques et me permettent de voir la vie différemment. Je les vis comme un cadeau. Et je loue Dieu, car sans lui, sans son soutien, je ne sais pas comment ma famille et moi aurions pu continuer à supporter les difficultés. Je terminerais par les versets qui m’inspirent depuis plus de 30 ans : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur... Ne vous inquiétez de rien, mais en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâce ; et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. » (Ph. 4 : 4-7).
Bernard Rutscho