La Bosnie-Herzégovine est un pays compliqué. Trois religions y forment des groupes distincts, avec des modes de vie et cultures différents. Il y a les Serbes, de confession orthodoxe, les Bosniaques, musulmans, et les Croates, catholiques. A côté de cela, un tout petit pourcentage de personnes sont protestantes, comme Tomislav Dobutovic, à la tête d’une communauté baptiste d’une centaine de membres. Dans son Eglise, qui est aussi un centre de formation pour jeunes pasteurs en devenir, il parle de la migration en termes de bénédiction : « Nous croyons que Dieu nous les amenés pour nous édifier mutuellement, dit-il dans sa salle de culte à Sarajevo. Plusieurs personnes migrantes qui confessent une foi évangélique viennent régulièrement dans notre église et participent aux services du dimanche matin. Il s’agit notamment de Pakistanais. Parmi eux, il y a un pasteur dont le frère a été emprisonné et qui a fui pour éviter le même sort. Sur sa route, il a rencontré d’autres chrétiens qui ont marché avec lui. En fait, trouver une église où partager sa foi a été l’un de ses premiers réflexes une fois arrivé en Bosnie. »
« Ils modifient un peu nos églises »
A Kairos, c’est le nom de l’église, les migrants représentent environ 10% des fidèles. « Mais on imagine bientôt faire des services en ourdou », explique Tomislav Dobutovic. Non sans ajouter que ces personnes animent d’ores et déjà parfois le culte de façon très dynamique, avec des chants de leur pays. Et le pasteur bosnien de parler de l’émotion qu’il ressent à leur contact, alors que lui aussi a été réfugié pendant la guerre qui a secoué son pays, et qui a cessé il y a juste 25 ans. « Je comprends ce qui signifie être migrant. J’essaie de les consoler. Il est difficile d’entrer dans l’Union européenne, mais je les encourage à ne pas renoncer. » Certains membres de l’église les accueillent spontanément chez eux, même s’ils les savent de passage et que les liens sont éphémères. « Mais leur spiritualité nous apporte beaucoup. Pour sûr, leurs églises au Pakistan sont différentes. Alors ils modifient un peu les nôtres. Ils les renouvellent. C’est une grâce de Dieu. »
Gabrielle Desarzens
Tomislav Dobutovic intervient dans une émission Hautes Fréquences sur RTS La Première.