Fin avril, des membres du COE devaient participer à une réunion sur le climat près de Bethléem en Cisjordanie. Or plusieurs personnes de la délégation ont subi des interrogatoires longs et agressifs à leur arrivée à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv. Certains ont même été mis en détention puis refoulés. Durant certains interrogatoires, des douaniers auraient déclaré ne pas aimer le Conseil œcuménique des Eglises et précisé que l’organisation n’était pas une bonne chose pour leur pays, selon Mélisande Schifter, de la Commission pour les affaires internationales du COE.
Deux femmes ont été incarcérées puis expulsées. Lundi 9 mai, son secrétaire général Olav Fykse Tveit a écrit une lettre de protestation à la Mission d’Israël auprès des Nations unies en lui demandant des excuses.
Pour Sophie Dhanjal, 54 ans, assistante administrative au COE et l’une des deux femmes incarcérées, il y aurait eu un quiproquo entre la délégation sur le climat et d’autres membres du COE participant au programme EAPPI (Programme d’accompagnement œcuménique en Palestine et Israël). Ces derniers observent la cohabitation entre Palestiniens et Israéliens, mais témoignent aussi au besoin des violations des droits humains (voir l’encadré ci-dessous).
« Assimilées à un autre programme »
« Une collègue et moi avons été questionnées pour savoir pourquoi nous venions. Quand nous avons dit travailler pour le COE, nous avons tout de suite été assimilées à un autre programme, dit-elle. A la fin, ils ont décidé que nous allions être expulsées. Nous avons dû attendre le prochain vol. Nous nous sommes fait amener dans un centre de détention de l’aéroport. Nous avons dû laisser toutes nos affaires dans un local. Nous avons pu emporter une chose pour la nuit, de la lecture et une brosse à dents. Nous étions arrivées le vendredi soir ; nous sommes parties le lundi midi. » Sophie Dhanjal souligne encore qu’avoir ainsi « été traitée comme une terroriste, une criminelle » a été quelque chose de difficile à vivre.
Réaction israélienne
Que dit le gouvernement israélien de cette affaire ? Chargé de communication à la Mission d’Israël auprès de l’ONU, Nathan Chicheportiche indique qu’il est ridicule de penser que le COE figure sur une liste noire du gouvernement israélien. « Israël est une démocratie où la liberté d’expression est assurée », souligne-t-il. La réunion sur le climat s’est d’ailleurs tenue et Israël n’a rien contre le COE et laisse opérer les ONG sur son territoire. Mais les personnes qui n’ont pas été autorisées à entrer sur le territoire n’ont, selon lui, pas répondu aux questions des autorités douanières de manière véridique.
Gabrielle Desarzens
Le dossier actualité de l’émission Hautes Fréquences du 15 mai était consacré à ce sujet.